Eurydice : les salaires des enseignants et des chefs d’établissements scolaires en Europe 2014/2015
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Compte tenu du rôle important que joue la profession enseignante au sein de la société, il convient de reconnaître que des salaires équitables constituent un facteur fondamental pour attirer de nouvelles recrues au sein de la profession enseignante et garantir que les effectifs soient suffisamment satisfaits et motivés pour poursuivre leur carrière dans l’enseignement. L’introduction du nouveau rapport Eurydice sur les salaires et les allocations des enseignants et des chefs d’établissements scolaires en Europe précise que : « Les salaires et les allocations sont des éléments clés pour promouvoir l’attrait de la profession enseignante (tout comme les conditions de travail, les perspectives de carrière, les opportunités de développement professionnel et la reconnaissance). Ils jouent un rôle important pour attirer de nouveaux candidats au sein de la profession enseignante, garantir leur satisfaction et assurer la poursuite de leur carrière dans l’enseignement ».
Il s’agit là de la principale hypothèse sur laquelle s’appuie le rapport, lequel se donne pour mission d’évaluer les conditions de travail des enseignants et des chefs d’établissements scolaires en 2014-2015, au travers d’une analyse de l’évolution de leurs salaires au cours de ces deux dernières années, de la mise en corrélation de ces derniers avec le PIB et du mécanisme permettant de progresser rapidement sur les échelles salariales.
La description détaillée de la situation en Europe n’est pas exacte. Sur la base des données collectées, le rapport laisse entendre que, dans la plupart des pays ayant participé à l’enquête en 2014-2015, le traitement des enseignants a augmenté par rapport aux deux années précédentes grâce aux réformes salariales (par exemple en Croatie, en Slovaquie et en Islande) et que l’adaptation au coût de la vie a effectivement eu lieu, bien que dans bon nombre de pays cette augmentation fasse suite aux diminutions qui ont marqué les années de crise. Par ailleurs, en dépit de la moyenne des données, six pays (Grèce, Italie, Chypre, Lituanie, Slovénie et Lichtenstein) ont maintenu le gel des salaires, tandis que la Serbie enregistre une chute salariale de plus de 1 %.
Dans les pays susmentionnés, le pouvoir d’achat des enseignants n’a toujours pas atteint le niveau de 2009. Par ailleurs, en comparaison du PIB per capita, le salaire statutaire annuel minimum des enseignants du primaire et du premier cycle du secondaire sont moins élevés dans la quasi-totalité des pays (excepté en Allemagne, en Espagne, à Chypre, au Portugal, en ancienne République yougoslave de Macédoine, en Serbie et en Turquie). La pire des situations a été signalée en Lituanie, où le salaire annuel minimum chute à 32 % du PIB per capita et en Roumanie où il ne s’élève qu’à 41 % - les pourcentages les plus élevés ayant été observés en Allemagne (129 %) et au Portugal (139 %). En ce qui concerne le cycle supérieur de l’enseignement secondaire, plus de la moitié des pays sont concernés. Le salaire statutaire minimum des enseignants le moins élevé par rapport au PIB per capita a été observé en Lituanie (32 %), en Lettonie (42 %) et en Roumanie (44 %). D’un autre côté, on observe les plus hauts pourcentages en Espagne (151 %) et en Turquie (159 %). S’agissant du salaire statutaire brut maximum, dans la plupart des pays et à tous les niveaux de l’éducation, la situation est relativement différente, dans la mesure où l’on observe qu’ils sont plus élevés que le PIB per capita (meilleur rapport à Chypre où il est de 306 % pour la CITE 1, 2 et 3).
Concernant l’analyse de la situation des chefs d’établissement scolaire, les données collectées montrent que leur salaire minimum est toujours plus élevé que celui des enseignants. Le rapport révèle également que le salaire statutaire annuel minimum de base dans l’enseignement primaire et secondaire inférieur est plus élevé que le PIB per capita dans la majorité des pays. La situation s’améliore lorsqu’il s’agit du cycle supérieur de l’enseignement secondaire, où les chefs d’établissement perçoivent de meilleurs salaires - ils sont inférieurs au PIB per capita dans seulement sept pays (Bulgarie, République tchèque, Lettonie, Lituanie, Pologne, Roumanie et Slovaquie
Une corrélation positive entre le nombre d’élèves et le niveau du salaire des chefs d’établissement a pu être observées dans un tiers des pays : plus le nombre d’élèves augmente, plus le salaire des chefs d’établissement augmente (Belgique, Croatie, Lettonie, Pays-Bas, Autriche, Portugal, Finlande, Bosnie-Herzégovine, Liechtenstein et ancienne République yougoslave de Macédoine).
Concernant les salaires minimum et maximum, ceux-ci varient d’un pays à l’autre : la Hongrie (niveau secondaire), l’Autriche et la Roumanie, par exemple, enregistrent de grandes différences entre le salaire minimum et maximum et il faut compter plusieurs années de service pour passer d’une extrémité à l’autre de l’échelle salariale. D’un autre côté, dans certains pays comme le Danemark, l’Estonie, la Lettonie et le Royaume-Uni (en particulier l’Ecosse), cette différence est moins importante et le temps service nécessaire pour atteindre le salaire maximum est moins long. Dans la plupart des pays, les salaires sont fixés par les instances supérieures, telles que les autorités centrales ou régionales, alors que dans la quasi-totalité des pays nordiques, cette responsabilité incombe aux autorités locales.
Si le salaire de base des enseignants augmente généralement en fonction de la durée de service, le rapport révèle que, dans près d’un tiers des pays ayant participé à l’enquête, les enseignants perçoivent des allocations financières équivalentes à des rémunérations complémentaires, pour des raisons telles que les qualifications formelles supplémentaires, les certifications obtenues via le développement professionnel continu (DPC), les résultats satisfaisants des élèves, les responsabilités complémentaires, la situation géographique, les heures supplémentaires, les activités extrascolaires ou l’enseignement à des élèves ayant des besoins spéciaux. Il ressort de la moyenne des données que, à travers l’Europe, les motifs le plus fréquemment avancés pour justifier l’octroi d’allocations salariales sont « les responsabilités complémentaires » et « les heures supplémentaires », les moins fréquents étant « les qualifications DPC » et « l’évaluation positive de la performance et les résultats satisfaisants des élèves ».
S’agissant des écoles privées, il convient de faire la distinction entre celles percevant des subventions et s’alignant sur les réglementations généralement applicables au secteur public, et les établissements privés indépendants fixant les salaires individuellement en fonction du contrat et s’alignant sur la législation nationale en matière de travail.
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