Regards sur l’éducation: la privatisation et la commercialisation contribuent aux inégalités et aux disparités en matière d’éducation

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Le rapport de l’UNESCO intitulé Regards sur l’éducation, publié le 11 septembre 2018, met l’accent sur l’équité et souligne l’impact considérable des origines socioéconomiques et immigrées des étudiants, ainsi que du sexe des étudiants, sur leurs perspectives d’éducation et d’emploi. Le rapport couvre les 35 pays de l'OCDE, ainsi que d'autres pays partenaires, notamment le Brésil, la Fédération de Russie, l'Argentine, la Chine, la Colombie, le Costa Rica, l'Inde, l'Indonésie et la Lituanie.

L’OCDE note qu’un nombre nettement moins élevé d’enfants issus de milieux socio-économiques défavorisés vont à l’école pré-primaire et sont susceptibles de terminer le deuxième cycle du secondaire. Selon le rapport, un autre facteur contribuant au décrochage scolaire est l’origine immigrée: la probabilité de devenir NEET (sans formation ni emploi ni formation) augmente de 5% si on est né à l’étranger et âgé de 15 à 29 ans. Les données de l'OCDE montrent également que les hommes sont moins susceptibles que les femmes d'achever leurs études secondaires ou d'accéder à l'enseignement supérieur. Cependant, sur le marché du travail, les femmes diplômées du supérieur gagnent 26% de moins que leurs homologues masculins.

oecd2018 2Le rapport démontre que la privatisation et le manque d’investissements publics dans l’éducation ont considérablement creusé les lacunes de l’éducation et du marché du travail. Ce rapport montre que l'enseignement pré-primaire et supérieur est particulièrement touché: alors que 91% des établissements primaires et secondaires des pays de l'OCDE et des pays partenaires sont des établissements publics, la part des financements privés dans les secteurs pré-primaire et supérieur est de 17% et 31% respectivement. En ce qui concerne les investissements publics, la Fédération de Russie, la Grèce, la Hongrie, l'Irlande, l'Italie, la Lituanie, le Luxembourg et la République tchèque n'investissent en moyenne que 3 à 4% de leur PIB dans le secteur de l'éducation. Le CSEE met en garde contre la "privatisation interne" croissante qui envahit les écoles européennes, sous la forme d'une rémunération basée sur les performances reposant sur des résultats de tests et des évaluations de performances annuelles.

L'insuffisance des investissements publics dans l'éducation et la privatisation croissante font également de la profession d'enseignant une profession peu rémunérée et peu attrayante. Selon ce rapport, les enseignants masculins du primaire et du secondaire gagnent entre 77% et 88% du revenu des autres hommes diplômés de l'enseignement supérieur. C’est un cercle vicieux. L'éducation pré-scolaire et primaire étant toutes deux associées à la prestation de soins, elles tendent à être des secteurs à prédominance féminine, généralement moins rémunérés que l'emploi dans d'autres secteurs de l'éducation. Cependant, les hommes occupent plus souvent des postes mieux rémunérés et mieux classés (par exemple, dans l'enseignement supérieur), ainsi que des postes de direction. Le CSEE note que les salaires des enseignants ne sont pas suffisamment élevés pour attirer les hommes dans la profession, ce qui est l’une des conséquences directes de la sous-évaluation du travail des femmes. Néanmoins, le rapport montre que l’écart entre les sexes s’est réduit dans le supérieur Les statistiques d'Eurostat sur l'éducation montrent que 21% seulement des femmes employées dans l'enseignement supérieur sont employées en tant que professeurs titulaires. Le CSEE souligne que l'égalité des sexes dans l'éducation et dans la société en général ne sera pas réalisée si la discrimination entre les sexes au sein de la profession enseignante n'est pas prise en compte, et souligne le rôle essentiel que les syndicats de l'éducation peuvent jouer dans ce processus.