Audience conjointe des partenaires sociaux de l'éducation : les systèmes d'EFP ont besoin de d’une « parité d'estime », de coopération et de professionnalisme
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Le 24 novembre 2017, à l'occasion de l'audition publique organisée conjointement par le Comité Syndical Européen de l'éducation (CSEE), la Fédération européenne des employeurs de l'éducation (FEEE) et le Comité économique et social européen (CESE) dans le cadre de la deuxième Semaine européenne de la formation professionnelle, environ cinquante représentant(e)s de syndicats nationaux et d’organisations d'employeurs du secteur de l’éducation venu(e)s de toute l'Europe, des membres du Parlement européen, des décideurs politiques, des intervenant(e)s de l'éducation et de l'industrie et des organisations de la société civile se sont réuni(e)s à Bruxelles pour discuter et faire la lumière sur « Le rôle des enseignant(e)s et les directeurs/trices d'école dans l'amélioration du statut de l'EFP ».
Helene Glundholt, étudiante danoise en EFP, section études visuelles, a rappelé qu'en dépit de l’environnement positif et favorable dans son école, seulement 18 % des jeunes au Danemark se tournent vers des études professionnelles. Helene ne correspond pas au stéréotype de l’étudiante qui se tourne vers la filière de l’EFP en raison de compétences médiocres et d’un environnement défavorable. Selon Helene, la mission de l’éducation est, de toute évidence, double : préparer les étudiants au marché du travail et à la poursuite des études. L'expérience de Silvius Ispas, enseignant roumain dans l'EFP est totalement différente. Les étudiant(e)s roumain(e)s qui s'inscrivent dans les filières de l’EFP sont surtout ceux/celles qui quittent l’enseignement secondaire de manière précoce, avec un faible niveau de qualifications et de compétences et, parfois, des problèmes de comportement et peu de soutien familial. Le système de l'EFP en Roumanie ne parvient pas non plus à attirer les enseignant(e)s les mieux préparé(e)s, qui sont découragé(e)s par les bas salaires, la détérioration des conditions de travail, le traitement injuste et le manque de soutien professionnel.
L'image et la qualité de l'EFP dans la société est au centre des actions des syndicats de l’éducation et des organisations d'employeurs. Dans une récente Déclaration conjointe du CSEE et de la FEEE, les partenaires sociaux de l'éducation en Europe s'engagent à améliorer l'attrait et l'image de l'EFP. Ils appellent les institutions de l'UE et les gouvernements à « améliorer la qualité des institutions d'EFP pour améliorer l’environnement d’apprentissage pour les étudiant(e)s - environnements libres de tout stéréotype de genre - et les environnements de travail pour les enseignant(e)s, formateurs/trices, responsables d'établissement et autres personnels de l'éducation, [notamment] en mettant l'accent sur des conditions de travail de haute qualité, la rémunération et la formation professionnelle pour les enseignant(e)s, formateurs/trices et responsables d'établissement ».
Le CSEE et la FEEE estiment également que la promotion d’un investissement plus important constitue une condition préalable pour assurer la qualité de l'EFP. Inkeri Toikka, du syndicat finlandais OAJ, a rappelé que les restrictions budgétaires et le manque d'engagement des décideurs risquent d'aggraver la situation, même dans les pays comme la Finlande, où un système d'EFP attire environ 50 % des étudiant(e)s. Véronique Feijen, la représentante de l'association des employeurs de l'EFP aux Pays-Bas (MBO-Raad), souligne que la haute qualité de l'EFP dépend également de la bonne coopération de tous les partenaires de l'éducation : les syndicats, les organisations d'employeurs de l'EFP, ainsi que les entreprises et les partenaires sociaux sectoriels.
« Il est important de raconter une histoire positive, une histoire de parité dans l’estime portée aux filières d’enseignement général et de formation professionnelle, une histoire qui cesse de présenter l’EFP comme un choix de classes. Il s’agit également de relier le professionnel et l’industrie. Le professionnalisme n'est pas sans lien avec la rémunération, » a déclaré Christine Blower, Présidente du CSEE. « Le dialogue social est la clé pour promouvoir de bonnes conditions de services, de meilleurs salaires et un espace d'apprentissage professionnel pour les enseignant(e)s. Si nous pouvons convaincre de la nécessité d’investir et d’équilibrer l'estime, nous sommes en bonne voie pour améliorer la qualité de l'EFP et ainsi construire une société meilleure, avec de meilleures opportunités pour toutes et tous ».