Nouveau rapport Eurydice sur le salaire des enseignant(e)s : le secteur de l’éducation s’est-il réellement relevé de la crise économique ?
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Le 5 octobre 2016, Eurydice a publié un nouveau rapport annuel pour la période 2015-2016, analysant les rémunérations et les allocations statutaires accordées aux enseignant(e)s et aux chefs d’établissement scolaire dans 40 régions et pays européens, ainsi que leur évolution par rapport à la période 2014-2015. Principale conclusion du rapport, on observe au cours de la période 2015-2016 une augmentation des salaires statutaires dans la grande majorité des pays européens et un statu quo dans les autres par rapport à 2014-2015. Mais cela signifie-t-il pour autant que les systèmes éducatifs dans les pays européens se soient relevés de la crise économique de 2008 et des années qui ont suivi, marquées par une diminution et un gel des salaires ?
Bien que le CSEE se réjouisse de cette tendance positive confirmant le retour progressif des salaires à leur niveau en vigueur avant la crise, il s’inquiète néanmoins des effets toujours bien présents de la crise économique sur le salaire et les conditions de travail des enseignant(e)s, soulignant que l’augmentation des salaires demeure peu sensible en comparaison de la situation avant la crise. Selon le rapport Eurydice, dans la plupart des pays où l’on enregistre une augmentation des salaires, celle-ci n’avoisine que les 1 à 4 % (1 % en Espagne et au Royaume-Uni, 4 % en Serbie et en Macédoine), et pour certains d’entre eux, cette hausse ne correspond qu’à une compensation de l’inflation (Allemagne) ou à un effet rétroactif des réformes introduites plusieurs années auparavant (réformes de 2009 pour la Slovaquie, de 2012 pour la Hongrie et de 2013 pour l’Estonie).
Alors que les augmentations de salaire des enseignant(e)s recensées par le rapport Eurydice dans 24 pays européens sont principalement le résultat d’un ajustement général des rémunérations de l’ensemble du personnel de la fonction publique, l’enquête du CSEE intitulée « Situation du financement de l’éducation, conditions de travail des enseignant(e)s, actions syndicales, dialogue social et négociation collective » révèle que tant dans les pays d’Europe occidentale que dans les pays d’Europe centrale et orientale, les salaires des enseignant(e)s continuent à se dégrader par rapport à d’autres professions nécessitant des qualifications. Le rapport Eurydice épingle également que dans près de 30 pays sur les 40 examinés, les salaires statutaires annuels minimaux des enseignant(e)s sont inférieurs au Produit intérieur brut (PIB) par habitant(e).
Outre leur salaire de base, les enseignant(e)s perçoivent généralement des allocations et des primes salariales pour les formations complémentaires, les heures supplémentaires et leurs bonnes performances professionnelles, pouvant représenter une part importante du montant total de leurs rémunérations. Toujours selon le rapport Eurydice, les motifs le plus fréquemment avancés pour l’octroi d’allocations salariales sont « les responsabilités complémentaires » et « les heures supplémentaires » et non « les qualifications acquises au travers du développement professionnel continu » ou « les résultats satisfaisants des élèves ». Le CSEE lance un avertissement en rappelant que la prestation d’heures supplémentaires et le surcroît de responsabilités administratives peuvent avoir une incidence négative sur la santé mentale et psychologique des enseignant(e)s et, à plus long terme, nuire à la qualité de l’éducation.