Nous vous présentons votre délégué de... Slovaquie !

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Le délégué slovaque pour le DSSEE est Juraj Stodolovsky, chef du personnel et secrétaire des affaires étrangères de l’OZPŠaV, le syndicat des employés de l’éducation et des sciences de Slovaquie.

Expliquez-nous qui vous êtes et à quoi ressemble l’une de vos journées de travail typique au quotidien !

Il y a quatre ans, après avoir réussi mes études de droit, j’ai commencé à travailler au sein du mouvement syndical. Dans la mesure où je ne me sentais pas particulièrement attiré par une vie d’avocat ordinaire, je me suis mis en quête d’autres possibilités de carrière, qui m’offriraient l’occasion de rester en contact avec la sphère publique, de rencontrer des gens intéressants et de développer mes compétences professionnelles.

Mes parents sont tous deux syndicalistes, ma mère est enseignante. Au final, j’ai participé à un entretien pour un nouveau poste de chef du personnel et secrétaire des affaires étrangères au sein de notre syndicat des employés de l’éducation et des sciences de Slovaquie. L’entretien ayant été satisfaisant, je me suis lancé dans une vie et un environnement professionnels totalement nouveaux.

Mes journées de travail typiques sont généralement très diversifiées. Après un bref entretien avec mon président et mes vice-présidents, je consulte mes e-mails, réponds aux requêtes les plus urgentes et tente de faire avancer les affaires étendues sur le long terme. Je prépare les réunions pour notre président et les instances statutaires. Souvent, j’apporte mon soutien à notre direction dans le cadre de diverses négociations avec les instances administratives de l’Etat et les partenaires sociaux. Je conseille notre président en ce qui concerne les questions sociales et politiques du moment, je communique avec les médias et contribue à l’organisation des membres en prévision des événements syndicaux. Je prépare des projets de documents politiques et rédige des articles et autres communiqués. Etant en charge des relations internationales, je communique également avec le CSEE ou l’IE, je participe aux enquêtes et organise les déplacements à l’étranger de nos représentants syndicaux.

Depuis combien de temps êtes-vous impliqué dans le dialogue social au niveau national et européen ?

Je participe au dialogue social national depuis que j’ai commencé à travailler pour notre syndicat. J’assiste souvent aux réunions avec nos partenaires sociaux en tant que rapporteur. Les rapports de toutes les réunions portant sur le dialogue social sont ensuite publiés sur notre site pour informer nos membres. Au niveau européen, je suis délégué auprès du DSSEE pour la République slovaque depuis bientôt trois ans. Dans le cadre de cet engagement, j’ai été membre du groupe consultatif pour le récent projet du DSSEE, également mené par le CSEE, consacré au développement des capacités du dialogue social.

Quelle est la situation actuelle du dialogue social dans le secteur de l’éducation dans votre pays ?

Le dialogue social pour le secteur de l’éducation est relativement stable en Slovaquie.

Ce qui ne nous a pas empêchés, au cours de ces dernières années, de mener des actions pour donner suite à nos revendications. En automne 2012, suite à l’échec des négociations avec le ministère de l’Education et le gouvernement, nous avons lancé le plus grand mouvement de grève des employés de l’éducation et de la formation professionnelle à tous les niveaux du secteur, enseignants et non enseignants confondus. Près de 80 % des employés des écoles et des universités se sont mobilisés durant les premiers jours de grève. Malheureusement, le nombre de manifestants a rapidement chuté suite aux craintes entourant les pertes de salaire. Au bout de trois jours d’action, nous n’avons eu d’autre choix que celui de suspendre notre grève et tenter de reprendre les négociations avec le gouvernement.

Nous devons reconnaître que nos revendications n’ont pas été pleinement satisfaites. Mais cette mobilisation aura au moins eu le mérite d’enclencher un processus en faveur d’une augmentation relativement significative des salaires dans le secteur de l’éducation. Et, d’un autre côté, l’ensemble de la société a commencé à porter un regard critique sur la qualité de l’éducation et les conditions de travail dans les établissements scolaires Après cela, notre président a régulièrement organisé des réunions avec le ministre de l’Education et le ministre des Finances. D’ordinaire, nous travaillons ensemble dans le cadre des amendements à la législation et étudions les possibilités d’accroître les budgets de l’éducation.

Les nombreux renouvellements successifs des ministres de l’Education posent un énorme problème dans ce secteur en Slovaquie. Au cours de ces 23 dernières années - depuis l’indépendance de notre pays - nous avons vu défiler 18 ministres, chacun défendant ses propres valeurs, visons et approches. Il est particulièrement difficile de plancher sur des réformes dans un contexte aussi compliqué et de développer de bonnes relations avec des partenaires sociaux qui varient d’une année à l’autre, ou presque. Toutefois, notre syndicat maintient des principes incontournables en matière de communication et jouit du respect de chaque nouveau ministre. Nous sommes également d’avis que la négociation et la coopération se révèlent généralement plus constructives qu’un climat de menaces et de querelles.

Dernièrement, nous avons soumis au gouvernement une déclaration préparée en collaboration avec nos organisations partenaires, énonçant nos principales revendications communes en faveur d’une réforme du système éducatif, depuis l’éducation de la petite enfance jusqu’à l’université, prévoyant une augmentation suffisante du soutien financier accordé par l’Etat. Afin de mettre en lumière la situation peu satisfaisante de l’éducation en Slovaquie et les garanties insuffisantes que propose le programme du nouveau gouvernement, nous avons organisé une manifestation à laquelle ont participé plus de 8 000 personnes.

Quels sont les principaux enjeux pour votre organisation ?

Les principales questions au centre des préoccupations de notre syndicat sont la négociation collective, le dialogue social, la formation de nos affiliés, la diffusion de l’information, la consultance juridique et l’organisation de nos activités. Nous continuons à déployer tous nos efforts pour améliorer le statut social et économique des enseignants et des divers employés de l’éducation.

Un autre de nos défis consiste à replacer tous les employés de l’éducation publique sous l’autorité du ministère de l’Education. A cette fin, nous avons lancé une pétition qui a récolté près de 90 000 signatures. Nous sommes convaincus que l’amélioration des salaires et des environnements scolaires contribuera davantage à orienter des étudiants talentueux vers une carrière dans la profession enseignante. D’autre part, cela permettra aux enfants de tirer le meilleur parti de leur apprentissage et donc d’améliorer leurs résultats aux évaluations mondiales de la qualité de l’éducation en Slovaquie.

Quelles sont les opportunités potentielles que vous offre la participation au DSSEE dans le cadre de votre travail en Slovaquie et vice versa ?

Les liens entre le dialogue social national et le dialogue social sectoriel européen pour l’éducation sont considérablement renforcés. Bien que les politiques éducatives relèvent de la responsabilité des Etats membres de l’UE, nous avons la capacité d’influencer l’évolution du DSSEE par l’intermédiaire de notre représentant. Cette participation au DSSEE nous permet également d’aligner les travaux que nous menons au niveau national sur ceux déployés à l’échelle européenne.

S’agissant du tout nouveau programme de travail du DSSEE pour 2016-2017, quels sont les volets prioritaires pour les membres de votre syndicat et pourquoi ?

Nos affiliés ont épinglé plusieurs volets importants du programme de travail du DSSEE 2016-2017 pour le système éducatif slovaque.

Aujourd’hui, la thématique « Renforcer l’attrait de la profession enseignante » se veut plus pertinente que jamais car nous observons un désintérêt croissant de la part de nos meilleurs étudiants lorsqu’il s’agit d’envisager une carrière dans le secteur de l’éducation. Le thème « Enseignement technique, formation professionnelle et apprentissage » peut, lui aussi, être mis en lien avec la situation récente en Slovaquie, puisque la nouvelle loi sur l’éducation et la formation vient d’entrer en vigueur. Les chapitres « Développement professionnel continu » et « Enseignement et formation ouverts et innovants » constituent également des points importants dans les activités de formation de nos membres.

En conclusion, quelles sont les caractéristiques d’un dialogue efficace ?

Un dialogue social efficace doit principalement être basé sur le respect mutuel et la compréhension des possibilités et besoins de chacun. Il est important que le ministère de l’Education communique avec les syndicats et coordonne ses initiatives sur le plan juridique. Il doit également coopérer dans le cadre des réformes du système éducatif. Adopter une approche équitable, ouverte et commune dans le cadre de l’instauration des réformes au sein du système éducatif renforce potentiellement la satisfaction des travailleurs et peut, par conséquent, améliorer le niveau de qualité de l’éducation.