La grève des enseignant(e)s lituanien(ne)s débute le 22 février
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En Lituanie, après 8 ans de gel des salaires, six syndicats d’enseignant(e)s ont demandé leur restitution au niveau précédant la crise. Ils demandent en outre d’allouer 3,56 milliards d’euros à des indemnités de cessation d’emploi pour les enseignant(e)s à l’âge de la retraite mais qui travaillent toujours, afin de leur permettre de quitter le système. Les syndicats d’enseignant(e)s estiment qu’il manque environ 600 litas, (174 euros) au salaire mensuel des enseignant(e)s. Les syndicats réclament également une réduction du nombre d’élèves en classe et dans les groupes.
Selon les syndicats, la qualité de l'enseignement en Lituanie se détériore ; les résultats du pays diminuent d’année en année dans les sondages internationaux et les résultats d’apprentissage des étudiant(e)s restent inférieurs à la moyenne de l’OCDE pour le programme PISA. La structure d’emploi des enseignant(e)s est par ailleurs obsolète, avec une sur-dépendance à des contrats à temps partiel renouvelés chaque année sans garantie d’emploi pour l’année suivante.
20 % des emplois dans le secteur de l’éducation sont occupés par des enseignant(e)s déjà à la retraite, ce qui fait obstacle à l’embauche de nouveaux enseignant(e)s. Le nombre d'étudiant(e)s et d’élèves diminue également en raison de la démographie et de la migration vers d’autres pays, ce qui a également un impact négatif sur le secteur en général et tout spécialement sur le recrutement des enseignant(e)s.
Le rapport national de l’UNESCO sur les progrès de la Lituanie quant à la mise en œuvre de la stratégie « Education pour tous » souligne que le système éducatif en Lituanie doit faire face à de nombreux défis, principalement en raison d’un financement inefficace et d’une mauvaise gestion. « En Lituanie, les mesures visant à améliorer la qualité de l’enseignement ne sont pas appliquées systématiquement, elles sont chaotiques et conflictuelles. Il existe par ailleurs un manque de stabilité politique et de continuité » – a déclaré Tatiana Babrauskiene, Secrétaire internationale du FLESTU, un syndicat représentant environ 10 000 enseignant(e)s, tous secteurs de l’éducation confondus.
En Lituanie, on observe plus spécialement l’inégalité et l’inaccessibilité en ce qui concerne la fréquentation et qualité des petites écoles rurales et l’accès à l’éducation pré-scolaire pour les personnes défavorisées d’un point de vue socio-économique, principalement les familles rurales. Comme peu de jeunes spécialistes choisissent de travailler dans des établissements pré-primaires et primaires, le personnel de l’éducation de la petite enfance est plus vieux que celui qui travaille dans les autres niveaux de l'enseignement.
Le financement de l'enseignement général en Lituanie, qui est attribué par élève, est sérieusement en retard par rapport à la moyenne européenne. Dès lors, même si le taux d’inscription est positif, davantage de fonds devraient être attribués pour améliorer la qualité de l'éducation. Par ailleurs, le financement consacré à au moins un élève du niveau ISCED 1 augmente chaque année, alors que celui consacré aux niveaux ISCED 2-3 a diminué au cours des dernières années.
La coalition au pouvoir en Lituanie a accepté de satisfaire certaines des demandes des enseignant(e)s et attribuera 10 millions d’euros supplémentaires au financement. Le Ministère de l’Education et des Sciences déclare cependant que plus de 100 millions d’euros seraient nécessaires pour satisfaire les demandes des syndicats de l’éducation afin d’améliorer notablement les conditions de travail des enseignant(e)s et le secteur de l'éducation.
Les syndicats d'enseignant(e)s ne pensent pas que les 10 millions d’euros supplémentaires promis par le gouvernement vont permettre de « redresser la situation ». « Après 2 ans de négociations avec le gouvernement et après avoir atteint un accord sur les domaines à améliorer, le gouvernement a déclaré qu’aucun budget n’est disponible pour le système éducatif et les salaires des enseignant(e)s. Après une action de grève des syndicats d'enseignant(e)s en guise d’avertissement, le 8 novembre 2015, nous décidons d’entamer le 22 février une grève à durée indéterminée. Nous demandons à tous les syndicats d’enseignant(e)s en Europe de nous soutenir dans nos efforts. » – déclaration de Tatiana Babrauskiene.