Les enseignants finlandais plaident en faveur de l’intégration scolaire des réfugiés et des immigrants.

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Les enseignants jouent un rôle essentiel dans la scolarisation des enfants réfugiés et migrants. OAJ, une organisation finlandaise affiliée au CSEE regroupant plus de 120 000 membres et représentant près de 95 % des enseignants du pays, a récemment lancé une publication intéressante sur l’intégration des réfugiés et de migrants au sein des systèmes d’éducation, intitulée Kotoutumiskompassi (orientation pour l’intégration). Nous avons demandé à Mme Päivi Lyhykäinen, Conseillère spéciale de l’OAJ pour l’éducation, de nous expliquer l’incidence de cette publication, ainsi que son utilisation au sein de l’éducation.

CSEE : Quelles sont les raisons à l’origine du lancement de cette publication ?

OAJ : Nos syndicats souhaitent promouvoir le multiculturalisme et la tolérance en Finlande, assumer leurs responsabilités au niveau mondial et favoriser la formation des enseignants aux aspects multiculturels de nos sociétés. Les immigrants sont arrivés massivement en Finlande il y a 20-25 ans et se sont installés principalement dans les grandes villes. Toutefois, depuis la « crise des réfugiés » de l’automne dernier, les politiques migratoires font, aujourd’hui, davantage partie des préoccupations nationales.

Nous avons décidé de soumettre nos propositions au gouvernement et aux municipalités pour faciliter l’intégration au travers de l’éducation. Les propositions concernent tous les niveaux de l’enseignement, depuis l’éducation de la petite enfance jusqu’à la formation des adultes, en insistant tout particulièrement sur l’enseignement du finnois et du suédois, langues officielles de la Finlande.

CSEE : A qui s’adresse la publication de l’OAJ sur l’intégration des réfugiés et des migrants et qui peut l’utiliser ?

OAJ : Au travers de cette publication, nous cherchons à interpeller le gouvernement et les responsables politiques finlandais, le Conseil national de l’éducation finlandais, le ministère de l’Education et de la Culture, les départements locaux en charge de l’éducation et, bien entendu, les enseignants. Nous souhaitons nous exprimer à propos de la formation des enseignants. La publication concerne le système éducatif et les enseignants finlandais, mais il est possible de faire valoir ces propositions dans d’autres pays.

CSEE : Comment expliquez-vous que le gouvernement et les médias finlandais aient réservé un accueil à ce point favorable à votre publication ?

OAJ : L’automne dernier, l’arrivée massive de réfugiés a suscité toute une série de polémiques autour de l’intégration des migrants. Le lancement de notre publication était donc tout à fait opportun. La Finlande accueille de longue date des immigrants et les enseignants ont mis au point d’excellentes méthodes pédagogiques. Nous avons activement cherché à recueillir des informations auprès des enseignants concernant leurs méthodes, leurs expériences et les problèmes rencontrés. Nous avons souhaité rendre leurs points de vue publics et soutenir leur travail avec les immigrants. De plus, nous avons identifié bon nombre de domaines à améliorer dans l’organisation de l’enseignement aux immigrants et nous avons souhaité proposer nos solutions aux instances dirigeantes.

CSEE : Quelles sont les principales recommandations que vous souhaiteriez adresser aux enseignants et au gouvernement concernant l’intégration scolaire des migrants et des réfugiés ?

OAJ : Notre feuille de route pour l’intégration sociale présente 9 thématiques principales, accompagnées chacune de plusieurs propositions d’action, dont voici les plus importantes :

  1. L’intégration scolaire des adultes doit être mise en œuvre dès l’arrivée des réfugiés en Finlande. L’intégration scolaire comprend l’apprentissage du finnois/suédois ainsi qu’un volet d’étude consacré aux aspects culturels. Pour l’heure, l’éducation est organisée par le ministère de l’Emploi et de l’Economie, mais OAJ propose de transférer cette compétence au ministère de l’Education et de la Culture.
  2. L’éducation de la petite enfance se révèle particulièrement importante pour le développement du langage. OAJ propose de recruter davantage de professeurs de finnois/suédois comme deuxième langue dans le secteur de la petite enfance et d’adapter la taille des groupes d’élèves pour renforcer l’efficacité de l’apprentissage et améliorer le développement du langage de l’enfant.
  3. Toute personne s’exprimant dans une langue maternelle différente des langues nationales de Finlande devrait avoir le droit d’apprendre le finnois ou le suédois en tant que deuxième langue, depuis le plus jeune âge jusqu’au terme de l’enseignement secondaire.
  4. Chaque immigrant devrait pouvoir bénéficier d’un enseignement dispensé dans sa langue maternelle, depuis le plus jeune âge jusqu’au terme de l’enseignement secondaire.
  5. La formation préparatoire à l’enseignement fondamental doit être un droit accordé à chaque élève, quelle que soit sa date d’entrée en Finlande. En Finlande, les municipalités ont aujourd’hui la liberté d’organiser ou non la formation préparatoire à l’enseignement fondamental.
  6. La formation des enseignants doit être améliorée. Les enseignants doivent être mieux préparés dans le cadre de leur formation initiale et continue, de manière à pouvoir acquérir les compétences nécessaires à l’enseignement multiculturel. Le système éducatif finlandais nécessite aussi davantage d’enseignants issus de l’immigration.
  7. L’identification et la reconnaissance des acquis doivent être plus flexibles pour les immigrants.

CSEE : Quel message souhaitez-vous transmettre aux autres enseignants, syndicats de l’éducation et gouvernements concernant le soutien aux enfants migrants et réfugiés ?

OAJ : Il importe d’offrir une excellente formation aux enseignants. Ceux-ci doivent posséder les compétences leur permettant d’enseigner à des élèves issus d’autres cultures. Il vaudrait la peine d’investir dans l’enseignement d’une langue nationale comme deuxième langue. Accorder la priorité à l’apprentissage de la langue et à la formation constitue la meilleure politique d’intégration.

Cette publication est disponible en anglais

Pour de plus amples informations, veuillez contacter OAJ : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.