Arménie: l’enseignement privé prend de l’ampleur en raison de faibles salaires

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Partout en Europe, le recrutement et la rétention des enseignants, tout particulièrement en période de crise économique, semble être un enjeu de taille pour les systèmes éducatifs. Les rémunérations et les conditions de travail précaires ainsi que le manque de reconnaissance de la profession enseignante au sein de la société n’encouragent pas les jeunes enseignants qualifiés à entamer une carrière dans la profession. Par ailleurs, les syndicats d’enseignants, notamment au sein des pays d’Europe centrale et orientale (PECO), dénoncent une nouvelle tendance. En effet, la réduction des investissements dans l’éducation entrainent une réduction des salaires et une dégradation des conditions de travail, poussant les enseignants à quitter la profession ou à donner des cours privés, aux dépends de l’éducation publique pour tous.

Dans le cadre de la Table ronde des PECO, qui s’est tenue à Bucarest, du 19 au 21 octobre 2015, Elen Manaseryan, spécialiste au sein de l’Organisation des travailleurs de l’éducation et des sciences d’Arménie (CRSTESA), organisation membre du CSEE, a dénoncé cette tendance, la qualifiant de néfaste pour l’accès à l’éducation publique en Arménie. Elle a déclaré: « Par le biais des négociations collectives, CRSTESA se bat tous les jours pour l’amélioration de la situation économique et sociale des enseignants et l’augmentation de leur salaire, afin qu’il s’aligne, tout au moins, au salaire moyen des employés en Arménie. ». En outre, CRSTESA encourage les enseignants à poursuivre leur travail sans relâche et à ne pas favoriser les cours privés au détriment de l’enseignement public.

Toutefois, force est de constater qu’un nombre croissant d’enseignants sont contraints d’emprunter cette voie afin de  gagner leur vie. Martin Rømer, Directeur européen du CSEE, s’est exprimé sur le sujet : « L’éducation est et doit rester un service public destiné à donner à tous les citoyens la possibilité de recevoir une formation de qualité en vue d’améliorer leur vie et de trouver un emploi.  La généralisation des formations privées au détriment de l’éducation publique de qualité entrave l’accès équitable à l’enseignement et favorise les inégalités, fondées, notamment, sur le statut socio-économique. La privatisation creuse davantage le fossé entre les plus démunis et les mieux nantis. Au final, les gouvernements doivent se rendre compte que les politiques néolibérales portent préjudice à l’éducation de qualité et qu’il leur incombe de prendre les mesures nécessaires pour se défaire de ces politiques. C’est à eux qu’il incombe de mettre en place des moyens de financement pour l’éducation, notamment en assurant des systèmes d'imposition équitables, ou encore en combattant l’évasion fiscale. ».