Finlande: Trente mille syndicalistes défendent le droit de négociation
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D’après OAJ, organisation membre du CSEE en Finlande, vendredi dernier fut un jour hors du commun pour le mouvement syndicaliste finlandais. En effet, plus de trente mille syndicalistes se sont rassemblés à Helsinki pour défendre les droits de négociation en vigueur. Les trois fédérations syndicales SAK, STTK et AKAVA ont invité leurs membres à descendre dans les rues de la capitale.
En dépit de la pluie battante, une foule de syndicalistes engagés ont répondu présent pour demander des réponses à ces partis politiques qui semblaient avoir l’intention de porter atteinte aux droit de négociation. OAJ, qui constitue le plus grand syndicat de la Fédération AKAVA était en première ligne lors de la manifestation. La Fédération a sorti le carton jaune devant le gouvernement ; « le carton rouge est encore dans notre poche et nous espérons ne pas devoir le sortir », a déclaré Olli Luukkainen, Président d’OAJ et Vice-Président d’AKAVA.
C’est un programme proposé par le gouvernement à la suite des élections de l’année dernière qui fut à l’origine du mouvement de protestation. En effet, ce programme prévoit des coupes drastiques dans les budgets du secteur public et évoque le besoin de conclure un accord social impliquant les syndicats, les employeurs et le gouvernement. Ainsi, le gouvernement y propose une réduction de 5% des coûts salariaux. La proposition ayant été rejetée, le gouvernement a annoncé que cette dernière serait introduite par voie légale, contournant ainsi, purement et simplement, les négociations.
Ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase aux yeux des syndicalistes. En Finlande, le dialogue social et le droit de négociation ont toujours été considérés comme étant sacrés. Avec cette tentative de porter atteinte à ces droits en vigueur, le gouvernement est allé trop loin. Olli Luukkainen déclare : « Il ne s’agit pas de réelles négociations si le gouvernement décide à l’avance de l’issue de celles-ci. C’est la raison principale pour laquelle la proposition a été rejetée. Il faut un réel dialogue et une réelle confiance entre les partenaires ; c’est ce qui a toujours fait le succès du dialogue social finlandais. Nous devons poursuivre sur cette même voie pour garantir un avenir favorable pour le pays. ». Par ailleurs, Olli Luukkainen a précisé : « Cette manifestation n’était pas dirigée contre les employeurs ; tous les accords conclus entre syndicats et employeurs restent, d’ailleurs, valables. Il s’agissait plutôt de défendre becs et ongles les droits de négociation en vigueur. Nous sommes bien conscients de la faiblesse actuelle de l’économie finlandaise. Cependant, ce n’est pas le meilleur moyen de régler le problème. La tentative du gouvernement de balayer d’un revers de la main le droit de négociation des syndicats est tout simplement inacceptable. En outre, le programme proposé porterait surtout préjudice au secteur public et certaines professions, telles que l’enseignement de la petite enfance, profession, qui plus est, à forte prédominance féminine. Soyons réaliste, ce ne sont pas les travailleuses sous-payées, telles que les enseignantes, qui seront, à elles seules, à même de sauver l’économie finlandaise. »
En Finlande, les manifestations telles que celle de la semaine dernière se font rares. Cela faisait plus de vingt ans que les syndicats n’avaient pas manifesté. Cet événement a ouvert le débat au sein de tous les partis politique du pays. En conséquence, Juha Sipilä, Premier ministre finlandais attends des syndicats qu’ils présentent leurs suggestions avant la fin du mois. Les trois Fédérations syndicales ont donc commencé à travailler conjointement sur une proposition à l’attention du gouvernement. « Il est grand temps de retourner à la table des négociations », a ajouté Olli Luukkainen, avant de conclure : « Aucune solution ne peut être trouvée si les syndicats restent dans les rues tandis que les employeurs et le gouvernement se concertent »