Les procédures d'admission dans l'enseignement supérieur risquent d'être perturbées par la crise du COVID-19
27 avril 2020
L’épidémie de COVID-19 est une crise de santé publique totalement différente de tout ce à quoi l’Europe a été confrontée depuis de nombreuses années. Alors que le personnel éducatif et ses syndicats sont aux prises avec l'épidémie, nous soutenons et informons les organisations membres dans toute la mesure possible.
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La crise du COVID-19 a entraîné la fermeture temporaire d'écoles et d'établissements d'enseignement supérieur en Europe. Certains pays ont déjà annoncé l'annulation de leurs examens dans le secondaire. Ces perturbations créent des défis majeurs pour les procédures d'admission dans l'enseignement supérieur, comme l'a récemment souligné un article d'Eurydice.
Un rapport d’Eurydice de 2017 dresse un tableau diversifié et complexe des systèmes d'admission à l'enseignement supérieur en Europe, qui doivent équilibrer l'équité (offrir un accès égal à certains groupes sociaux), l'efficience (l'adéquation des compétences et des intérêts des apprenant·e·s aux programmes d'enseignement afin d’éviter les abandons) et l’efficacité (résultats comme l’emploi et l’employabilité). Le rapport montre également que, dans la plupart des cas, les admissions d'étudiant·e·s ne sont pas des événements ponctuels mais des processus à long terme, certains pays définissant déjà dans l'enseignement secondaire précoce si un·e étudiant·e peut ou non être autorisé·e à entrer dans l'enseignement supérieur.
Ces processus complexes risquent d'être gravement perturbés par la pandémie du COVID-19 et ses conséquences pour les écoles et les établissements d'enseignement supérieur. Alors que des pays comme l'Autriche prévoient d'organiser les examens comme d'habitude, la plupart des pays les reporteront, ce qui pourrait entraîner une modification du calendrier de l'enseignement supérieur.
Dans de nombreux pays, les examens de fin d'études secondaires jouent un rôle important dans le processus d'admission dans l'enseignement supérieur, de sorte qu'ils risquent de se trouver dans l’obligation de devoir recourir à des procédures d'évaluation alternatives. Alors que la Croatie, le Danemark et l'Estonie prévoient de se concentrer uniquement sur les matières principales, la République tchèque, la Finlande et la France mettront davantage l'accent sur l'évaluation formative. Plusieurs pays comme l'Irlande, les Pays-Bas, la Suède, la Slovaquie et le Royaume-Uni ont déjà décidé d'annuler leurs examens de fin d'études secondaires. Pour décider de l'admission des étudiant·e·s dans l'enseignement supérieur, le Royaume-Uni prévoit de combiner les informations sur les performances passées des écoles avec les notes que les enseignant·e·s prévoient pour leurs étudiant·e·s sur base de leurs travaux antérieurs. Un rapport de l'UCU (University and College Union) met en garde contre un autre problème majeur auquel les universités britanniques seront confrontées en raison du COVID-19: la crise et ses conséquences économiques entraîneront une forte baisse du nombre d’étudiant·e·s britanniques et internationaux en 2020-2021. Cela pourrait entraîner une perte de financement de 2,5 milliards de livres sterling et pourrait menacer 30.000 emplois universitaires si le gouvernement n’intervient pas.
Certains pays peuvent également avoir besoin d'adapter leurs frais de scolarité et leur système de soutien. Un rapport d’Eurydice de 2018 souligne que la Lettonie, la Lituanie, la Hongrie, la Roumanie, la Bosnie-Herzégovine, la Serbie et la Macédoine différencient les frais payés par les étudiant·e·s de l'enseignement supérieur en fonction de leurs performances dans l'enseignement secondaire supérieur et/ou de leurs résultats aux tests d'admission.
Alors que les processus d'examen alternatifs soulèvent de nombreuses questions quant à leur équité, Eurydice nous rappelle que les examens ne sont jamais entièrement impartiaux et qu’ils sont influencés par de nombreux facteurs. Le rapport conclut que «la meilleure façon de garantir une admission généralisée à l'enseignement supérieur est de fournir une éducation de haute qualité à toutes et tous, de la petite enfance à la fin de l'enseignement secondaire».
Bien entendu, cette situation aura également un impact majeur sur le personnel de l'enseignement supérieur, désireux d'aider à trouver des solutions pratiques et équitables. Dans une Déclaration sur la lutte contre la crise du COVID-19, le CSEE appelle les autorités et les employeurs à consulter et impliquer le personnel éducatif à tout moment afin de protéger ses droits, sa santé et son bien-être. Cela lui permettra de poursuivre son travail dans les meilleures conditions possibles et les aidera à reconstruire des sociétés plus équitables, justes et durables après cette crise.