Grève dans l'enseignement supérieur au Royaume-Uni: «Les employeurs refusent de négocier un accord national significatif»

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Rob Copeland, de l’UCU, nous parle des deux conflits liés qui ont conduit les travailleur·euse·s de l'enseignement supérieur au Royaume-Uni à entamer une grève de 8 jours. Les employeurs refusent d’écouter les expert·e·s s’agissant de la gestion du régime de retraite, alors que les salaires et les conditions de travail continuent de se détériorer. Rob, qui est Président de notre Comité permanent sur l'enseignement supérieur et la recherche, affirme que la stabilité de la profession et la qualité de l'enseignement sont en danger. Le CSEE et les organisations membres de toute l'Europe sont solidaires de l'UCU.

CSEE: Pourquoi l'UCU a-t-elle appelé le personnel de l'enseignement supérieur à faire grève?

Rob Copeland: Nous sommes en grève pour deux raisons principales. En fait, il y a deux différends juridiques, mais ils ont des causes similaires.

En ce qui concerne le régime de retraite des universités, les employeurs refusent d’écouter un groupe d’expert·e·s indépendant·e·s qui est parvenu à une conclusion très différente en ce qui concerne le coût du régime. Ils ont utilisé une méthode différente pour calculer ces coûts, mais les employeurs veulent que les travailleur·euse·s paient davantage pour le système actuel. Des années de réformes conduites par les employeurs ont privé les universitaires d’une moyenne de 240.000 livres sterling pour leur pension. Nous craignons maintenant que les employeurs préparent une attaque plus fondamentale contre ce régime, comme celle que nous avons combattu l’année dernière.

Au sujet des salaires et des conditions de travail, nous sommes en grève à cause de la baisse des salaires, de l’absence de solutions aux écarts salariaux liés au genre et à l’appartenance ethnique, des charges de travail insoutenables et de la précarité. Les employeurs refusent de négocier un accord national significatif. Concernant le salaire, l'offre est en dessous de ce que nous demandons. Sur d'autres questions, ils refusent de négocier un accord à l'échelle du Royaume-Uni, car ils prétendent que ce sont des problèmes que chaque université doit gérer individuellement. Nous réfutons totalement cette affirmation.

CSEE: Pourquoi êtes-vous à nouveau en grève après l’action syndicale de l’année dernière?

Rob Copeland: En ce qui concerne les retraites, les employeurs n’écoutent pas le groupe d’expert·e·s indépendant·e·s qu’ils ont accepté de créer après la dernière grève. Les problèmes de rémunération et de conditions peuvent sembler s’apparenter à notre travail quotidien, mais il s’agit en réalité de défendre l’attrait des carrières dans le monde universitaire et, partant, notre capacité à dispenser une éducation de qualité. Depuis 2009, les salaires ont effectivement été réduits de près de 20% en termes réels. La profession dans son ensemble est très fragile en ce moment et il y a beaucoup à perdre pour les personnels de l'enseignement supérieur et nos étudiant·e·s.

CSEE: Quel est l’impact de la solidarité internationale du CSEE et de ses organisations membres?

Rob Copeland:Je pense qu’elle est très importante pour le moral de nos membres. C’est une longue grève et il est important de savoir que non seulement les étudiant·e·s sont avec nous, mais que nos collègues à l’étranger nous soutiennent également. Il est bon de savoir que tant de problèmes auxquels nous sommes confronté·e·s sont des luttes communes: déprofessionnalisation, charge de travail, précarité et discrimination.