Conférence CSEE 2024 : décisions clés et changements de direction à Budva
Publié:Le Comité Syndical Européen de l'éducation (CSEE) a organisé sa conférence quadriennale à Budva, au Monténégro, les 26 et 27 novembre 2024. Ce premier rassemblement en présentiel depuis huit ans a réuni des dirigeants éducatifs de toute l'Europe pour débattre des défis clés, élire de nouveaux représentants et adopter des résolutions essentielles pour l'avenir de l'éducation publique.
Changements de direction et nouvelles nominations
Un résultat majeur de la conférence a été l'élection de la nouvelle direction du CSEE :
- Président : John MacGabhann de TUI, Irlande, a été élu nouveau président de l'ETUCE, succédant à Larry Flanagan. Dans son discours d'acceptation, MacGabhann a souligné l'importance d'écouter attentivement les membres, d'allouer efficacement les ressources et de traiter l'avenir à long terme de l'éducation, notamment en ce qui concerne le changement climatique, une priorité pour les syndicats.
- Vice-présidents : Six vice-présidents ont été élus pour représenter une direction diversifiée et équilibrée :
- Cuqui Vera Belmonte (FECCOO, Espagne)
- Dorota Obidniak (ZNP, Pologne)
- Julien Farges (SNES-FSU, France)
- Rob Copeland (UCU, Royaume-Uni)
- Lasse Bjerg Jørgensen (BUPL, Danemark)
- Valentina Ilic (TUS, Serbie, siège hors UE/AELE)
La nouvelle direction s'est engagée à maintenir l'engagement du CSEE envers une éducation publique inclusive, l'autonomie professionnelle et la solidarité au sein de la communauté enseignante européenne.
Résolutions adoptées : un engagement en faveur de l'Éducation publique et de l'autonomie professionnelle
La conférence a vu des débats rigoureux et l'adoption de plusieurs résolutions importantes qui façonneront l'agenda des années à venir :
- Résolution Principale de la Conférence : "Lutter pour l'Avenir de l'Éducation Publique dans une Europe Sociale" a été présentée par le président sortant Larry Flanagan. La résolution souligne que l'éducation est un bien public et un droit humain, exhortant les syndicats à se battre pour la justice sociale, un financement équitable, et l'amélioration des conditions de travail des enseignants. Elle met également en avant la campagne en cours de l'IE 'Go Public!' qui vise à renforcer le statut des enseignants à travers l'Europe. La vice-présidente du CSEE Odile Cordelier a qualifié cette résolution de "feuille de route pour les deux jours de conférence", appelant à un dialogue social renforcé pour protéger l'éducation publique.
- Faire face à la pénurie d'enseignants : La pénurie mondiale d'enseignants était un sujet de premier plan. La résolution a souligné la nécessité d'améliorer les salaires, l'autonomie professionnelle et les conditions de travail pour attirer et retenir les enseignants. Assian Nimaga (NEU, Royaume-Uni) a déclaré : "Nous avons besoin de conditions et de rémunérations attractives pour résoudre le problème de la pénurie d'enseignants. Le mentorat, la formation et des salaires équitables sont essentiels." Julien Farges de France a réitéré l'importance de mettre en œuvre les recommandations de l'UNESCO pour résoudre ces problèmes.
- Politique sur l'intelligence artificielle dans l'Éducation : Un nouveau document politique sur l'impact de l'IA sur l'éducation a été présenté par Trudy Kerperien, mettant en lumière les opportunités et les risques liés aux technologies de l'IA. Odile Cordelier a appuyé la résolution, soulignant l'importance de respecter l'autonomie professionnelle et de garantir une utilisation responsable de l'IA dans l'éducation. Niels Jørgen Jensen (DLF, Danemark) a insisté sur la nécessité que les enseignants aient leur mot à dire sur la manière dont l'IA est intégrée dans leur environnement de travail, appelant à une forte implication des syndicats dans ces décisions.
- Résister au populisme de droite : Reconnaissant la montée de l'extrémisme en Europe, cette résolution a mis en avant le rôle de l'éducation dans la promotion de la démocratie et de la tolérance. Lucy Coleman (NEU, Royaume-Uni) a déclaré : "Nous devons célébrer la diversité et contrer la politique de la haine", tandis que Martina Borgendale (GEW, Allemagne) a appelé à un renforcement de l'éducation politique et civique pour contrer l'influence de l'extrême droite.
- Programme de Travail CSEE 2025-2028 : Le nouveau programme de travail a été présenté, axé sur le renforcement des capacités collectives, le renforcement de la négociation collective et la défense de la justice et de la démocratie. Anna Olskog (STU, Suède) a noté que le programme aiderait le CSEE à influencer efficacement la politique éducative de l'UE, tandis que Katarina Murto (OAJ, Finlande) a souligné l'importance d'aligner ces stratégies sur les réalités financières.
Citations clés
La conférence a été marquée par des discours principaux qui ont inspiré les délégués et réaffirmé le rôle du CSEE dans la défense de l'éducation publique :
- Mugwena Maluleke, président de l'Internationale de l'éducation (IE), a exprimé sa solidarité indéfectible avec le mouvement syndical européen de l'éducation, exhortant chacun à travailler collectivement pour assurer un accès équitable à l'éducation et une juste rémunération des enseignants. Il a souligné : "Les enseignants doivent rester unis pour l'éducation publique, la dignité des enseignants, et un avenir où la connaissance prévaut sur l'ignorance."
- Jarkko Eloranta, vice-président de la CES, a mis en évidence le pouvoir transformateur de l'éducation dans la construction de sociétés équitables et a mis en garde contre les dangers de la privatisation. Il a déclaré : "L'éducation doit rester un bien public. Nous avons besoin d'une action collective pour la protéger et assurer la démocratie."
- Odile Cordelier, vice-présidente du CSEE, a souligné le rôle des enseignants dans la défense de la démocratie et de la justice sociale : "L'éducation est au cœur de la démocratie, et les enseignants en sont les gardiens. Nous devons les équiper des bons outils et du respect nécessaire pour qu'ils puissent accomplir leur mission dans un monde exigeant."
- Jelmer Evers, le nouveau directeur européen du CSEE, a parlé des défis auxquels sont confrontées les écoles en raison du "recul démocratique". Il a souligné que la force du syndicat provenait des salles de classe et qu'il était nécessaire de relier les efforts locaux aux niveaux nationaux et internationaux, renforçant ainsi la solidarité.
L'Esprit de la conférence : un sentiment d'unité renouvelée et de détermination
Être présent à la conférence ETUCE 2024 à Budva, ce n'était pas seulement assister à des débats et à des élections ; c'était une expérience imprégnée d'un sentiment d'espoir, de détermination et de force collective. Des délégués de toute l'Europe se sont réunis, non seulement pour voter et discuter, mais aussi pour se reconnecter après des années d'éloignement. Il y avait une énergie palpable dans la salle—une énergie de résilience et de but partagé. Malgré les défis des dernières années, y compris la pandémie, l'incertitude économique et la montée de l'extrémisme politique, l'atmosphère était marquée par l'optimisme et une croyance indéfectible en la puissance de l'éducation.
Larry Flanagan, le président sortant du CSEE, a donné le ton dès le début avec son appel passionné à la solidarité, soulignant que les syndicats de l'éducation ont toujours été, et doivent continuer à être, les défenseurs des valeurs humaines dans la société. Son discours a été suivi de contributions qui ont renforcé un sentiment d'urgence pour résoudre la pénurie d'enseignants et résister aux pressions de privatisation, tout en mettant également l'accent sur la construction d'un avenir durable et plein d'espoir pour l'éducation en Europe.
Les délégués ont discuté ouvertement des difficultés rencontrées dans leurs pays mais ont également partagé des histoires de succès, inspirant les autres. Le sentiment de camaraderie était évident alors que les participants se soutenaient mutuellement lors des débats, offraient des ovations debout aux nouveaux dirigeants élus et échangeaient des expériences lors de rencontres informelles. Les performances musicales d'artistes monténégrins ont ajouté une richesse culturelle qui a rappelé à chacun la diversité dans l'unité—un thème central de cette conférence.
La conférence de cette année n'était pas seulement axée sur les politiques ou les résolutions adoptées ; il s'agissait de raviver l'esprit d'unité et la conviction que, par l'action collective, les enseignants à travers l'Europe peuvent apporter des changements significatifs. Il était clair que tout le monde a quitté Budva en se sentant plus connecté, plus déterminé et prêt à affronter ensemble les défis à venir.
Perspectives d'avenir : unis dans l'action
La conférence de Budva 2024 a marqué un tournant crucial pour le CSEE alors qu'elle adoptait une nouvelle direction, réaffirmait sa mission et adoptait des stratégies pour contrer les menaces pesant sur l'éducation publique. Alors que l'Europe continue de faire face à des défis tels que l'austérité, l'extrémisme politique et la pénurie d'enseignants, le syndicat est prêt à défendre avec ferveur ses membres et la profession enseignante dans son ensemble.
Le président sortant du CSEE Larry Flanagan a exprimé sa gratitude à l'Internationale de l'éducation et aux membres du CSEE pour leur soutien en des temps difficiles, encourageant la communauté éducative à rester forte et unie face à l'adversité.