Le CSEE participe au 14e Congrès de la Confédération européenne des syndicats

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A l’occasion du 14e Congrès de la Confédération européenne des syndicats, les organisations syndicales se sont réunies à Vienne, en vue de discuter du thème « Une Europe plus juste pour les travailleur·euse·s ». Les 699 délégué·e·s, dont 48,5 % de femmes et 10 % de jeunes, se sont penché·e·s sur des questions aussi variées que le Socle européen des droits sociaux, le renforcement de la solidarité dans le domaine de la migration, de l’asile et de l’inclusion, la protection de la dignité humaine et de la démocratie en tant que valeurs européennes, la conception d’un nouveau modèle économique progressiste fondé sur une gouvernance économique et sociale plus juste, le combat mené en faveur d’une augmentation des salaires, du renforcement de la négociation collective et de l’application des mêmes droits pour tou·te·s, ainsi que la transition équitable pour répondre à l’urgence du changement climatique et garantir une numérisation plus équitable et des politiques industrielles plus solides.

La délégation du CSEE, composée de la Présidente Christine Blower, des Vice-président·e·s Andreas Keller, Dorte Lange et Branimir Strukelj, de la Directrice européenne Susan Flocken, de Mike Jennings, membre du Bureau, de Rossella Benedetti et Roland Gangl, membres du Comité et de la Coordinatrice principale Agnes Roman, a participé activement à cet événement.

« Nous sommes profondément persuadé∙e∙s qu’une éducation de qualité axée sur la citoyenneté démocratique, l’inclusion, la lutte contre le racisme et le sexisme, la justice sociale et l’égalité, permettra aux jeunes de contrer les idées et la propagande de l’extrême droite » a déclaré Christine Blower, Présidente du CSEE. Elle a ajouté que l’éducation était bien plus qu’un simple moyen de combler les lacunes du marché du travail. L’éducation contribue de manière significative à l’édification d’une société plus juste pour chacun et chacune d’entre nous, à la création de sociétés et de communautés ouvrant leurs portes aux migrant·e·s, célébrant la diversité et luttant contre la montée absolument inacceptable de l’extrême droite, partout où ses représentant·e·s cherchent à se présenter aux élections et à faire valoir leurs idées.

Susan Flocken, Directrice européenne du CSEE, a souligné : « Une éducation et une formation de qualité constituent la base d’une main-d’œuvre qualifiée, une main-d’œuvre qui possède les aptitudes, les compétences clés, l’instruction et la formation nécessaires pour s’adapter à un monde du travail en rapide mutation. Plus important encore, les employeur·euse·s devraient assumer leur juste part de responsabilité pour soutenir financièrement la formation de qualité de leurs employé·e·s. Il est inacceptable que des travailleur·euse·s dont les compétences ne sont plus à jour soient licencié·e·s et que des entreprises emploient de nouveaux·elles employé·e·s formé·e·s pour un emploi dont ils·elles seront à nouveau licencié·e·s lorsque leurs compétences seront obsolètes. »

L’éducation doit être adaptée à l’ère numérique et à la révolution industrielle 4.0, car les étudiant·e·s d’aujourd’hui seront les travailleur·euse·s de la société de la connaissance de demain. Le problème est qu’ils·elles ne sont pas bien préparé·e·s à cette ère numérique, a rappelé Andreas Keller, Vice-président du CSEE. Il a insisté sur ce principe : « L’industrie ne doit pas dire aux enfants ce qu’ils doivent faire. Les enfants doivent être préparés à défendre leurs droits et à manifester contre le changement climatique. » La société doit respecter et comprendre le travail des enseignant·e·s qui, bien que peu apprécié·e·s et mal payé·e·s, sont chargé·e·s de former la main-d’œuvre future.

Mike Jennings, membre du Bureau du CSEE, a attiré l’attention sur la précarité croissante des travailleur·euse·s, y compris les universitaires et les chercheur·euse·s. Il a expliqué que : « Certaines personnes ont probablement entendu parler des "universitaires taxi" et pensent qu’il s’agit d’universitaires travaillant pour Uber. En réalité, cette formulation fait référence aux universitaires qui, tellement mal rémunéré·e·s pour leur travail, sont obligé·e·s de donner cours dans plusieurs établissements et forcé·e·s de passer de l’un à l’autre en taxi. Il faut mettre fin à cette situation, ainsi qu’aux contrats précaires. »

Branimir Strukelj, Vice-président du CSEE, a souligné que l’investissement dans l’éducation publique, fondement d’une Europe sociale depuis 70 ans, stagne ou diminue en Europe, au détriment des finances publiques, redirigées vers des secteurs tels que la sécurité, la défense, la surveillance et le contrôle des frontières. Cette tendance a des conséquences à long terme pour l’avenir de l’Europe. Il a mis en garde les organisations membres de la CES en leur rappelant que cette situation risquait de limiter les chances des enfants issus de familles ouvrières.

« Ces dix dernières années ont été marquées par un creusement des inégalités au sein de la société européenne en raison de la crise financière et de la prédominance des politiques économiques néolibérales qui ont suivi », a déclaré Rossella Benedetti, membre du Comité du CSEE. Elle a précisé : « Le personnel du secteur de l’éducation a été touché de diverses façons : financièrement, au travers des coupes budgétaires ; socialement, après avoir été accusé d’être responsable de l’inadéquation des compétences et des problèmes que rencontre le marché du travail ; et politiquement, au travers des atteintes à la liberté académique auxquelles se livrent certains gouvernements pour étouffer la critique. Le CSEE a toujours travaillé sans relâche et collaboré avec la CES pour parvenir à l’égalité des genres sur les lieux de travail et au sein de nos organisations membres. Les écarts salariaux et les écarts de pension qui y sont associés sont encore bien présents entre les hommes et les femmes. L’éducation est un secteur féminisé et les enseignant∙e∙s font partie du personnel qui travaille à temps partiel ou dans des conditions précaires. L’éducation est vitale pour la croissance économique, le personnel de l’éducation ne mérite pas d’être traité de cette façon. » Rossella a souligné que la migration était perçue par certain·e·s Européen·ne·s comme une menace, conséquence d’un manque d’éducation et d’esprit critique, et de la crédulité vis-à-vis des fausses informations. Les syndicats sont en première ligne pour s’attaquer aux problèmes résultant de l’inadéquation des stratégies d’intégration nationales et européennes. Il importe de respecter et mettre en œuvre le programme mondial de la CES pour la migration, fondé sur les valeurs européennes et les principes des droits humains.

Dorte Lange, Vice-présidente du CSEE, a rappelé que le Socle européen des droits sociaux revendique le droit à une éducation inclusive et de qualité pour chacun·e d’entre nous. Toutefois, précise-t-elle, « le personnel enseignant voit l’investissement public dans l’éducation atteindre des niveaux tellement bas que la Commission européenne appelle à une augmentation du financement de ce secteur dans 24 pays – une mesure jugée indispensable si l’on souhaite éviter de mettre en péril la qualité de l’enseignement ».

Les organisations membres de la CES ont approuvé la composition de la nouvelle équipe de direction de son secrétariat, entrée en fonction dans le cadre du nouveau mandat de Luca Visentini, Secrétaire général. Le document reprenant la liste complète des membres du secrétariat et de la présidence de la CES, ainsi que les résultats de son 14e Congrès, notamment le programme d’action 2019-2022 et le manifeste du Congrès de Vienne, est disponible à l’adresse suivante : https://www.etuc.org/en/european-trade-union-confederation-14th-congress-etuc19