La Commission européenne poursuit le Semestre européen malgré la chute libre de l’économie due au COVID-19
16 avril 2020
L’épidémie de COVID-19 est une crise de santé publique totalement différente de tout ce à quoi l’Europe a été confrontée depuis de nombreuses années. Alors que le personnel éducatif et ses syndicats sont aux prises avec l'épidémie, nous soutenons et informons les organisations membres dans toute la mesure possible.
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Le Semestre européen est le cycle annuel de coordination des politiques de l'UE, au cours duquel la Commission européenne analyse et évalue les économies et les politiques nationales avant d'émettre des recommandations aux gouvernements des États membres. Il s'agit principalement de recommandations économiques visant à garantir que les pays respectent les objectifs budgétaires du Pacte de stabilité et de croissance. Cependant, leur champ d'application peut être large et le Semestre est ancré dans les principes du Socle européen des droits sociaux. Cela donne au processus une influence significative sur des domaines tels que la politique de l'éducation - en particulier en ce qui concerne les dépenses publiques, l'investissement et les réformes. Il est donc essentiel que les syndicats de l'éducation s'engagent et influencent le processus du Semestre aux niveaux national et européen.
La Commission européenne a annoncé son intention de poursuivre le cycle actuel du Semestre européen, malgré la crise du COVID-19 et un appel à la suspension de la CES. La Commission élabore actuellement les recommandations spécifiques par pays (RSP), qui seront publiées le 20 mai. Les RSP reposeront sur les Rapports par pays que la Commission a publiés en février. Le CSEE a analysé ces Rapports par pays en détail, créant une aperçu thématique de l'ensemble des rapports qui donne une idée des priorités identifiées dans le domaine de l'éducation et de la formation. Nous avons également recueilli des commentaires sur les Rapports par pays des organisations nationales membres et les avons envoyés à la Commission européenne, faisant entendre nos voix à ce stade crucial du processus de rédaction des recommandations.
Bien entendu, l'ampleur de la crise du COVID-19 signifie que ces rapports nationaux n'ont pas pu prendre en compte la forte baisse que connaissent actuellement de nombreuses économies européennes. En effet, cette semaine seulement, deux rapports du Fonds monétaire international (les Perspectives de l’économie mondiale et le Rapport sur la stabilité financière dans le monde) ont prédit le plus grand ralentissement mondial depuis la Grande Dépression dans un scénario optimiste qui voit le virus contenu à la mi-2020. L'économie de la zone euro devrait reculer de 7,5%, avec une baisse record de 10% en Grèce.
Nous ne savons toujours pas dans quelle mesure la Commission européenne adaptera, le cas échéant, le processus du Semestre européen à la lumière de ces circonstances uniques. Toutefois, les règles budgétaires du Pacte de stabilité et de croissance ont été temporairement suspendues, ce qui implique que la Commission exclura les mesures prises en réponse à l'épidémie de ses évaluations de la conformité nationale. En outre, une réunion de tou·te·s les ministres des Finances de l’UE, dite de l’«Eurogroupe élargi», a approuvé en principe un programme de mesures d’urgence pour aider à faire face au choc économique. Ce programme comprend trois axes: un nouveau fonds d’urgence «SURE» pour soutenir les revenus des salarié·e·s et des indépendant·te·s; l'activation de lignes de crédit spécifiques par la Banque européenne d'investissement pour soutenir les entreprises, en particulier les petites et moyennes entreprises; l’activation du Mécanisme européen de stabilité pour soutenir les coûts directs ou indirects des systèmes de santé nationaux liés à la pandémie pour les pays de la zone euro. Les détails sont encore en cours de finalisation pour adoption éventuelle lors de la réunion du Conseil européen du 23 avril.
L'état d'urgence actuel risque d'approfondir et de déplacer les défis et les priorités de réforme décrits dans les Rapports par pays. Il est donc de la plus haute importance que le CSEE et les syndicats nationaux de l'éducation s'engagent dans des cadres de gouvernance économique comme le Semestre européen. Nous devons utiliser tous les outils dont nous disposons pour empêcher la répétition des mesures d'austérité qui ont échoué à la suite de la dernière crise économique et reconstruire l'investissement public pour une profession enseignante attrayante et une éducation de qualité pour tou·te·s.