Témoignages d'enseignants
En Europe, le personnel de l’éducation et les apprenant·e·s ne cessent de se diversifier. Le projet « Syndicats de l’enseignement et écoles inclusives : acceuillir la diversité au sein de l’éducation » a pour objectif de développer les capacités des syndicats de l’enseignement afin de leur donner les moyens de préparer leurs membres à faire face aux nombreuses formes sous lesquelles se présente la diversité dans leurs classes et la société, notamment les aspects socio-économiques, culturels, linguistiques, ou autres. Le CSEE et ses organisations membres se donnent pour mission d’aider le personnel de l’éducation à créer des environnements d’apprentissage inclusifs, offrant à chaque étudiant·e et enseignant·e l’opportunité de réaliser pleinement son potentiel.
Advisory Group
- Manos Androulakis DOE Grèce
- Alison Gilliland INTO Irlande
- Conceiçao Nunes SINDEP Portugal
- Alexandra Cornea FSLI Roumanie
- Lyhykäinen Päivi OAJ Finlande
- Igor Radeka IURHEEC Croatie
Advisory Group
Financement
Advisory Group
- Ce projet bénificie du soutien financier de la Commission européenne.
Rubriques connexes
Articles connexes
Frauke Gützkow, membre du comité exécutif de GEW pour la politique des femmes et des LGBTIQ, Allemagne
"En tant que syndicat de l'éducation, nous défendons une société ouverte et une pédagogie de la diversité qui aborde également la diversité sexuelle et de genre. C'est ainsi que les stéréotypes peuvent être éradiqués et la discrimination peut être combattue - pas seulement en vue de la Journée internationale contre l'homophobie, la bi-, l'inter- et la transphobie (IDAHOBIT) le 17 mai 2021."
Axel Stumpf, professeur d'anglais et d'allemand dans un lycée, militant pour l'égalité LGBTIQ * chez GEW, Chemnitz, Saxe, Allemagne
"Continuez, en montrant que nous ne sommes pas seul.e.s. Savoir qu'il y a des forces qui veulent faire reculer la cause, pas seulement en Europe. Faites preuve de solidarité. Les jeunes ont le droit de savoir."
Boris Pichotka, professeur d'anglais, Holyrood Secondary School, Glasgow
"Les hauts dirigeants ont tendance à être disposés à faire évoluer les choses mais il peut-être difficile de cerner leurs dsicours sur l'enseignement inclusif LGBT +, en particulier en période de COVID-10. La persévérance est la clé ... et accompagnée d'un argumentaire de vente. Montrez-leur que c’est bon pour les élèves et l’image de l’école. Aidez-les à comprendre que l'enseignement inclusif LGBT+:
a) ne se fait pas au détriment des autres projets d’éducation à l'égalité, mais les complète, et
b) n'est pas si difficile à mettre en œuvre - il y a de plus en plus de ressources disponibles.
Quant à ce dont les enseignants ont besoin : la confiance ! Faites confiance à vos propres convictions et ne laissez pas l'ombre portée par l'article 28 vous décourager à aider vos enfants."
David Dick, enseignant en maternelle, responsable de l'excellence et de l'équité, Cathkin Community Nursery, Glasgow
"Ayant mis en œuvre une éducation LGBT+ inclusive dans les établissements de la petite enfance, je peux confirmer que les parents, les praticiens et les enfants y sont réceptifs. La formation est essentielle, permettant aux enseignants et aux parents de discuter des problèmes et de soulever des questions. Il est important de souligner les inégalités du système éducatif, ce qui signifie que nos institutions ont un biais hétéronormatif tacite mais profondément influent. Ainsi, l'éducation inclusive LGBT+ peut être considérée comme un correctif progressif et bien nécessaire pour que l'hétérosexualité et le genre binaire ne soient que les normes privilégiées contre lesquelles la non-conformité des enfants et des parents sera punie, humiliée ou exclue. Les enseignants ont besoin de soutien, de formation et de ressources pour comprendre la complexité des problèmes en jeu et pour être en mesure d'analyser la façon dont leurs interactions peuvent maintenir inconsciemment les «normes»."
Peter Taylor, militant du NASUWT Teachers Union et membre du comité consultatif NASUWT LGBTI et du comité TUC LGBT+, Royaume-Uni
"En tant qu'homme ouvertement gay, je croyais que enseignant dans une école internationale, qui se targuait d'enseigner les valeurs anglaises entourant l'égalité, il était extrêmement important de donner aux étudiants la perspective anglaise sur les questions LGBTI. Il y a plusieurs centaines d'étudiants de pays d'Europe de l'Est, y compris la Fédération de Russie, plus un nombre similaire de certains pays africains, qui ont tous des opinions extrêmement négatives sur tout ce qui a trait à l'arc-en-ciel LGBTI. Avec l'aide du responsable du programme de soins personnels et sociaux, j'ai finalement persuadé le directeur de permettre à un conférencier invité de parler de l'homophobie religieuse. À chaque session, nous avons donné aux étudiants la pleine permission de quitter l'auditorium sans être punis s'ils se sentaient mal à l'aise à l’écoute des discours parce que ceux-ci allaient à l'encontre de leur enseignement religieux ou de leur morale personnelle. Sur environ 200 étudiants de tous les groupes de l'année, seuls cinq étudiants sont sortis. L'un d'entre eux est revenu avant la fin de la conférence et quand j'ai demandé pourquoi il était revenu, il a dit qu'il pensait qu'il devrait entendre une autre opinion. À la fin de chaque session, les étudiants ont applaudit les orateurs de façon très sincère et prolongée et leurs retours ont été extrêmement positifs. Un étudiant nigérian a déclaré qu'il disposait désormais d'informations grâce auxquelles il pouvait contester l'homophobie dans son église d'origine, tandis qu'un étudiant de la Fédération de Russie a déclaré qu'il comprenait maintenant que l'homophobie endémique affichée dans sa ville natale était totalement injustifiée et qu'il avait honte d'avoir été orienté vers cette façon de penser."
Annelies Taylor, Membre du Syndicat NASUWT, Royaume-Uni
Lara Morris, Membre du Syndicat NASUWT, Royaume-Uni
Kisufit Kablan, Directeur d’une école maternelle, chargée de cours au séminaire de l’enseignement maternelle, ITU, Israël
"Je suis Kisufit, je suis mère de cinq enfants et trente autres. Je souffre d'un trouble du rythme et de la danse - ce trouble se manifeste par une difficulté à se concentrer sur une tâche et le manque de frontière entre ma vie personnelle et à l’école. Le matin quand je me lève, je me brosse les dents et examine combien de bouteilles de shampoing ont été renversées, et comment je peux les transformer en jardinières et pots de fleurs pour l’école. Quand j'accroche le linge, je réfléchis à la cage du lapin et je me dis de ne pas oublier de lui acheter à nouveau de la luzerne. Quand je vais faire les courses, j'achète aussi de la farine pour une journée de pâtisserie à l’école et quelques autres produits que les enfants apprécieront. Dans un cours de danse Zumba. Je pense à danser avec des mouchoirs et des tambours avec les enfants. Et quand j'ai décidé de prendre du temps pour moi à la plage, je ramasse des coquillages pour l'heure de création que je prévois. Quand je suis allé chez le menuisier pour commander le placard, je suis retourné avec des sacs de gravures sur bois pour l'atelier de menuiserie. Quand je suis allé jeter les ordures, je suis revenu avec un miroir que j'ai trouvé qui rentrerait dans le coin des poupées. Je suis allé avec mes propres enfants au terrain de jeu du quartier. Je voulais être une maman investie et je me suis retrouvé à une réunion parents-enseignants sur le banc du jardin, expliquant la motricité globale. Et le soir, en me couchant, je me suis souvenu que je voulais recommander l'ergothérapie à Ariel, et que je devrais parler à sa mère demain ... de peur qu'il ne soit tard. J'écris, arrange, enseigne, j'imprime, je prends des photos, je programme, je gère, je conseille, je tiens, je fais cuire, accrocher, couper, coller, promouvoir, recommander et réfléchir. Mais surtout - j'adore."
Ahlas Kashua, Professeure d'autonomisation et de compétences de vie, école primaire 6, Tira, ITU, Israël
"Lorsque la pandémie a éclaté, nous avons compris que les plans que nous avions élaborés pour 2020-2021 devaient subir un changement radical. Soudain, de nouvelles idées de fermeture, d'isolement, de distance sociale, de reportages quotidiens sur des patients gravement malades et un nombre croissant de décès nous sont tombés dessus. Mes premiers sentiments ont été une peur profonde pour la famille et les amis, l'anxiété face à la maladie et même, parfois, la peur de la mort. Mais je crois que j'ai pu récupérer rapidement. Grâce aux leçons que j'ai apprises dans ma vie, à mes études universitaires, dont un certificat d'enseignement et maîtrise, grâce à la formation professionnelle que j'ai suivie et à mon expérience professionnelle, j'ai pu rapidement planifier mes démarches et m'organiser face à cette nouvelle situation, et trouver de bonnes solutions aux nouveaux problèmes qui se posaient. Si vous demandez à mes proches, ils vous diront que je suis une enseignante, une entrepreneuse et une gestionnaire par nature, et que j'ai la capacité de contribuer pour des organisations et des individus dans la vie publique et communautaire de ma ville. Quand on m'interroge sur la manière dont je gère les deux tâches qui se chevauchent, d'une part entrepreneuse, éducatrice et gestionnaire et d'autre part épouse et mère de 4 enfants, je réponds avec joie que je peux définir la situation en un mot : "excellent". Grâce à tout ce que j'ai mentionné ci-dessus, je suis capable de manœuvrer et de consacrer du temps à ma vie de famille et à ma carrière. Je trouve primordial d'initier, surtout en ces jours difficiles, de nouvelles activités pour la communauté, pour les familles de la ville, pour les enfants et surtout pour les femmes. En même temps, je ressens une grande responsabilité pour la bonne santé de tous les membres de ma famille, adultes et enfants. Une fois, on m'a interrogé sur mes sentiments à l'occasion de la Journée des femmes et ma réponse était simple - pour moi, chaque jour est une journée des femmes. Les femmes travaillent vigoureusement dans les carrières publiques, dans le monde des affaires, dans l'entrepreneuriat, dans la gestion et dans la société. Je suis très fière du fait d’être une femme, une épouse et une mère. Les femmes de ma ville en particulier et en Israël en général, ont des capacités impressionnantes. Les femmes sont intégrées dans le système de gestion bancaire, la politique, l'industrie, le commerce, la haute technologie, le développement. Les femmes occupent une place prépondérante dans les moteurs de croissance de l’État et de l’économie mondiale. Les femmes se distinguent par leur leadership communautaire et leur leadership mondial. Ce fait me remplit de joie, de fierté et de motivation à faire plus. Je crois que dans un proche avenir, je pourrai m'intégrer et travailler vigoureusement pour la communauté, pour les familles et pour la ville. Je serai capable d'initier et de mettre en œuvre des plans de grande envergure, des projets communautaires innovants et de surmonter tous les obstacles et objections. Je suis très fière d'être une femme. Toujours une femme."
Esti Tenebaum, Professeure de maternelle, directrice du centre des Arts, Kiryat Ata, ITU, Israël
Il y a quelques années, je suis tombée sur un bel article sur les capacités des femmes - je me suis très bien identifiée à ses mots, je vais donc les citer : « Le jour où Dieu a créé la femme, un ange est apparu et lui a demandé - pourquoi investissez-vous autant dans cette création ? Dieu a répondu - avez-vous vu les spécifications que je prévoyais ? Il se compose de 200 parties qui peuvent fonctionner avec du coca light et une pincée de nourriture uniquement, a un bras pouvant contenir 4 enfants en même temps, a un baiser qui peut guérir d'un genou meurtri à un cœur brisé, et deux mains qui peuvent tout faire ... L'ange a touché la femme et a dit - mais vous l'avez rendue si douce. C'est vrai, Dieu a accepté, mais elle est aussi forte. Vous n'avez aucune idée de ce dont elle est capable et des difficultés auxquelles elle est confrontée. Il y a des femmes de toutes tailles, de toutes les couleurs et de tous les secteurs, mais elles ont toutes une force et une puissance infinies, elles font face à de nombreuses difficultés, mais sont capables de ressentir l'amour et le bonheur. »
En tant qu'enseignante et en tant que femme, nous célébrons depuis des années la Journée internationale des femmes le 8 mars, mais cette année, nos capacités de femmes ont fait des merveilles. On peut dire que cette année a changé notre façon de travailler, a induit une créativité sans fin, une force mentale, face à des situations déraisonnables d'inclusion et de fonctionnement quotidien, de travail et de soins personnels à notre petite maison, que cela implique, pour nos enfants, pour notre conjoint et partenaire de vie. Et bien sûr, à 35 autres enfants auxquels nous sommes si attachés. Le tout sans contact humain mais à travers des carrés froids et lointains. Donc, les femmes, les professeures de maternelle, les éducatrices, nous avons beaucoup de capacités merveilleuses qui peuvent être découvertes chaque jour ... il n'y a personne comme nous. Et si une femme a un petit défaut, c'est juste qu'elle a oublié ce qu'elle vaut vraiment.
Michelle Codrington-Rogers, enseignante dans le secondaire et Présidente nationale du Syndicat des enseignant·e·s – NASUWT, Royaume-Uni
En tant que femme noire, enseignante et militante, la visibilité est cruciale non seulement pour mes élèves, mais également pour le mouvement. Black Lives Matter a été lancé par des femmes noires et c'est généralement nous qui portons le fardeau de la promotion de l'égalité. Les enfants ont besoin de modèles leur ressemblant pour avoir envie de devenir avocat·e·s, docteur·e·s ou même enseignant·e·s. Mais partout en Europe, les personnes d'ascendance africaine et asiatique sont sous-représentées dans l'éducation, en tant qu'enseignant·e·s et professeur·e·s, et nous devons nous demander pourquoi.
Les femmes noires n’ont pas la possibilité de choisir d’être féministes ou antiracistes, nous trouvons nos propres voix et nous nous assurons de les utiliser pour exiger l’égalité et l’équité. Nous devons souvent nous imposer dans des lieux où nous sommes le seule personne de couleur présente mais nous le faisons parce que si nous ne le faisons pas, qui le fera?
Je porte beaucoup de casquettes en tant que femme, syndicaliste mais aussi mère, fille et sœur. En tant qu'enseignante, je porte le poids d'être plus qu'une éducatrice, je porte les attentes d'une communauté. #MoreThanATeacher # IWD2021 #ChooseToChallenge
Monika Ćwiklińska, professeure de mathématiques et d’informatique et porte-parole de NSZZ «Solidarność»
Une enseignante moderne peut être qualifiée de "super-héroïne invisible" parce qu'elle est une personne confrontée à de nombreux défis. Elle travaille sous stress, se dévoue, son travail est constamment évalué par les enfants, les parents et ses supérieur·e·s. Elle transfère son engagement et ses émotions dans son espace familial, où elle est souvent épouse et mère. Concilier de nombreux rôles qui se chevauchent est très ardu.
Les changements les plus difficiles dans la vie professionnelle sont ceux qui ne profitent pas aux enfants et à leur éducation, et qui consistent à mettre en œuvre les idées imaginaires et irréalistes de fonctionnaires. Elles nécessitent la production d'un très grand nombre de documents et prennent du temps qu'il conviendrait de consacrer au travail avec les étudiant·e·s. Cela est très frustrant et conduit à la longue à l'épuisement professionnel. Recrutement, formation, rémunération, avancement professionnel, sécurité de l’emploi et bonnes conditions de travail - la bataille pour la promotion de la profession enseignante pour les femmes doit être menée sur de nombreux fronts. Des mesures sont prises progressivement et il y a un avenir pour les enseignant·e·s.
Patrizia Donato, enseignante en maternelle - FLC CGIL, Italie
Nous faisons face à de nombreux défis.
J'ai un travail, je suis une femme, je suis mariée et j'ai des enfants et je suis originaire du sud de l'Italie. Il est incontestable que la composante féminine dans l'enseignement est prépondérante et l'une des raisons pour cela est historiquement attribuable au fait que les temps et les modes de travail de l'enseignante d'il y a trente ans étaient compatibles avec les tâches accomplies par les femmes dans la vie de famille. Aujourd'hui, à l'école de l'autonomie, non seulement la charge de travail a augmenté de façon exponentielle mais le temps passé à l'école ne peut plus non plus être comparé à celui du passé. Au vu de ces considérations, les femmes sont majoritairement en train de payer le prix, aujourd'hui comme par le passé, de la recherche constante d'un équilibre difficile entre carrière et famille. Cela est particulièrement vrai pour les travailleuses du sud de l'Italie, qui portent le poids d'un héritage culturel difficile à surmonter en raison de petites règles non écrites qui ont été intériorisées et transmises de génération en génération. Au fil des décennies, cela s'est transformé en un très fort sentiment de culpabilité qu'elles ont tendance à expier en assumant tout le fardeau de la famille et de ses besoins.
Je suis enseignante et nous, enseignant·e·s, essayons d'améliorer la vie de générations entières. Nous accueillons des enfants dès l'âge de trois ans, commençons par les consoler de leur premier détachement des figures parentales, puis les renvoyons plus tard dans la société en tant qu'adultes. Il n'y a rien de plus éloigné de la bureaucratie que la profession enseignante. En effet, tout a été fait ces dernières années pour faire de nous des bureaucrates et des gratte-papiers. Ils nous ont épuisés en nous pointant du doigt, en créant des fossés, des divisions, en faisant semblant de savoir évaluer les capacités, mais sans résoudre les vrais problèmes, connus depuis longtemps, de l'école italienne.
Marcella Bonzagni, enseignante du secondaire - FLC CGIL, Italie
L’entrée massive des femmes dans l’enseignement primaire et secondaire s’est fortement accentuée dans les années 70, également sous forme de révolte contre les rôles assignés par le «destin» en tant qu’épouses et mères. Les «choix ou vocations» présumés sont souvent des chemins forcés qui orientent les femmes vers des métiers tels que l’enseignement.
Il est déprimant de relever les préjugés - souvent renforcés par une mauvaise rhétorique sur les paresseux·euses employé·e·s de l’État - qui présentent le travail d’enseignant·e comme une sorte d’emploi privilégié à temps partiel avec un salaire complet. L'engagement considérable lié à la fonction pédagogique (correction de travaux, préparation de matériels, approfondissements, tests, mise à jour, accompagnement des étudiant·e·s, etc.), désormais alourdi par l'enseignement à distance, n'est pas perçu comme tel car il est de taille variable, non soumis à un horaire fixe et peut être placé à différents moments de la journée, même le soir ou la nuit. Les enseignant·e·s sont tenu·e·s d'être capables d'effectuer plusieurs tâches car l'enseignant·e doit non seulement enseigner les différentes matières mais aussi être un·e éducateur·trice polyvalent·e, un·e guide capable de préparer les futur·e·s citoyen·ne·s au respect de la vie communautaire, des autres, des règles, et des institutions. L'enseignant·e doit aussi avoir de la patience, du début à la fin, pour faire face aux apprentissages et aux concours, pour traverser les années de précarité, pour traiter avec les parents et pour faire grandir les esprits en formation, comme un parent.
La dimension individuelle de l'enseignement et la solitude dans les efforts nécessaires pour concilier des fonctions aussi nombreuses et différentes, pour trouver des solutions aux problèmes les plus divers en l'absence d'une structure de soutien adéquate émergent de plus en plus; solitude face à une réalité de plus en plus complexe et dans la prise de conscience de l'écart entre les possibilités individuelles les plus élevées et l'effritement culturel et économique de l'établissement scolaire.
Néanmoins, les enseignant·e·s procèdent avec courage, sans jamais reculer.
Marinella Esposito, enseignante du primaire, - FLC CGIL, Italie
Aujourd'hui plus que jamais, pendant la pandémie, le défi que je dois relever chaque jour est de faire passer l'idée que l'enseignement n'est pas une action «neutre» mais un métier complexe, comme tout travail relationnel. Nous naviguons dans la complexité, dans la mutabilité de l'existant, dans la rencontre/l’affrontement avec les enfants et avec leurs histoires à la fois terribles et extraordinaires. En être consciente et en être consciente en tant que femme me donne une force qui me permet d'apprécier toutes les gratifications mais aussi de ressentir la responsabilité de ce travail. L'enseignant·e, et donc moi en tant qu'enseignante, est un·e professionnel·le du savoir comme un·e avocat·e, un·e docteur·e, qui, après de longues études, se voit confier responsabilité et autonomie dans sa profession. Je dois pouvoir utiliser toutes mes connaissances et mon expérience pour résoudre les problèmes et les contingences que je rencontre dans ma relation humaine et éducative avec mes élèves/étudiant·es. Je dois analyser des conditions complexes, négocier, évaluer le pour et le contre et enfin faire des choix adéquats, ciblés, significatifs ... Je dois sans cesse m'analyser moi-même, mes connaissances, mon savoir-faire, je dois analyser de manière critique mes actions et leurs effets ... enfin, aujourd'hui plus que jamais, je dois apprendre à produire, avec une rapidité incroyable et asphyxiante, des innovations didactiques et pédagogiques. Et donc moi, une enseignante, avec mon fardeau de responsabilités, alourdi par cette pandémie maudite, avec ma Convention collective nationale qui est au point mort depuis des années, avec mes luttes quotidiennes pour concilier la prise en charge des enfants, de la famille et des parents âgés à qui je dois ce que je suis, je dis qu'il y a encore un long chemin à parcourir, que ce ne sera pas facile, que rien ne sera tenu pour acquis mais que, c’est certain, en tant que femme - et pas toujours seule, j'y arriverai.
Ciro Indellicati, enseignant du secondaire - FLC CGIL, Italie
Braves, intelligentes, curieuses, têtues, sensibles, patientes, indépendantes, infatigables [les enseignant·e·s ] ... mais il y a - à l'école et à l'extérieur – des gens qui ne les voient pas, qui ne veulent pas les voir, qui les méprisent, qui en ont peur. Parfois c'est vrai, il est plus difficile de se faire comprendre et de les comprendre. Souvent invisibles, oui, mais toujours présentes.
Essayez, essayez de vous en passer. Essayez, essayez d'imaginer une journée à l'école sans elles.
Natalia Tymchyk, Professeur de langue et littérature ukrainiennes, Ukraine
Super-héros… Dans un certain sens, c’est vrai: enseigner, montrer, expliquer, persuader, aider, essuyer les larmes ... vous devez faire tout cela malgré l’hyperactivité, l’agressivité et la permissivité que les enfants apportent chaque jour à l’école.
La première chose dont vous avez besoin pour ne pas quitter l'école la première année de travail est d'aimer les enfants, deuxièmement - d'avoir une patience incroyable, et troisièmement - être résistant au stress. Et la quatrième chose est d'avoir la capacité de trouver un chemin vers l'âme de l'enfant. Si vous avez cette compétence, vous êtes un super-héros absolu. Être enseignant est mon choix conscient. Je ne regrette pas une minute. Et quand j'obtiens un bon résultat de collaboration avec les enfants, je suis convaincue que j'ai choisi la bonne voie. Et la plus grande reconnaissance pour moi est le « merci » de l’enfant après de nombreuses années après avoir obtenu son diplôme.
Enkelejda Bilbili, Professeure d'anglais, membre du comité exécutif de SPASH.
Dans et en dehors de la salle de classe, les femmes assument le rôle de nourrice et de mère. Elles sont des héroïnes parce qu'une enseignante porte trois rôles : une figure maternelle, une nourrice (surtout pour les enseignants du primaire et du secondaire) et une éducatrice.
Selon les données de la CEIC, 85% des enseignants du primaire en Albanie étaient des femmes en 2019. Étant donné que la majorité des enseignants sont des femmes depuis l'ouverture de la première école dans le pays, il existe une réglementation sur la discrimination fondée sur le sexe et la discrimination salariale. Par conséquent, je dirais que nous ne sommes pas confrontés aux problèmes d’inégalité de genre dans notre pays. Les problèmes majeurs auxquels nous sommes confrontés ici sont principalement des problèmes sociaux. J'ai vu des enseignants, en particulier des femmes, être nommés sans mérite ni qualifications nécessaires. Cependant, je me sens soutenue parce que je vois une prise de conscience accrue en ce qui concerne l'injustice.
Khazar Lotfi, professeure d’anglais, Pays-Bas
Y-at-il des obstacles, liés à votre origine migrante, auxquels vous faites ou vous avez fait face dans votre travail quotidien d’enseignante ?
En tant qu’enseignante qui enseigne à des étudiant·e·s de plusieurs origines ethniques dans une ville abritant bon nombre de minorités, je n’ai pas le sentiment d’avoir fait face à des obstacles dans la classe. En cas de problèmes, en réalité, cela pourrait même m'aider à mieux comprendre certaines des difficultés et des défis auxquels mes élèves sont confrontés dans cette société.
À votre avis, de quel soutien les enseignant·e·s issu·e·s de l'immigration ont-ils·elles besoin ?
Je pense qu'il est très important que nous puissions travailler dans un environnement inclusif. Bien que la plupart de nos étudiant·e·s ont des origines ethniques différentes, ce n'est pas le cas des collègues enseignants. La meilleure façon pour la direction d'apporter son soutien serait de sensibiliser aux problèmes et de prendre position sur des questions telles que le racisme et la discrimination.
Selon votre expérience, de quel soutien clé les enseignant·e·s qui travaillent avec des étudiant·e·s issu·e·s de l'immigration ou ayant un statut de réfugié ont-ils·elles besoin dans leur travail quotidien ?
Les universités et les institutions qui forment les enseignant·e·s, ou qui sont censées le faire, doivent prêter attention à cette problématique. Actuellement, la diversité et l'inclusion sont des thèmes à peine mentionnés et brièvement abordés, alors que les enseignant.e.s ont besoins d’apprendre à communiquer et à se mettre en relation avec des étudiant·e·s différent·e·s et avec des étudiant·e·s qui sont différents d'eux. Cela s'applique à tout·e·s, y compris aux enseignants (en formation) issus de l'immigration.
Mary Osei-Oppong, immigrée en Écosse depuis le Ghana, auteure de "For The Love Of Teaching; The Anti-Racist Battlefield in Education”, membre du EIS, Écosse
J’ai fait l’expérience de nombreuses formes de racisme au cours de ma carrière, pendant deux décennies. Sans aucun doute, la plus parlante de toutes est le racisme institutionnalisé et les micro-agressions qui pourraient être utilisés pour invalider les compétences d'une personne d'origine noire, et cela à mon avis, est les plus préjudiciable.
Les formes insidieuses de micro-agression et de racisme que j'ai rencontrées et dont j'ai souffert étaient les insultes quotidiennes, les fouilles, le rabaissementet les humiliations. Il n’est pas acceptable que des gens disent qu'ils ne sont pas racistes et qu'ils ont des amis noirs, alors que leurs actions causent un préjudice racial. Je nous invite tous, sans distinction d’origine, de sexe, d'appartenance religieuse, d'orientation sexuelle ou de classe socio-économique, à travailler ensemble à l'égalité des chances pour tout·e·s dans la société. Le racisme est un problème mondial de droits de l’Homme, il n’est pas seulement une perception et j’espère que ce n’est pas une opportunité manquée.
Il faut mettre en place une importante réflexion et un débat complexe pour résoudre le problème du racisme institutionnalisé, autrement la prochaine génération d'enfants de la minorité ethnique noire sera confrontée au même problème et la société sera perdue. Le problème sur le lieu de travail est que la plupart des personnes, sinon toutes, protègent leur emploi et ferment les yeux devant les injustices, par peur d'être punis ou pire - de perdre leur travail, et ce comportement les rendent complices.
Mon livre "For The Love of Teaching ; The Anti-Racist Battlefield in Education" donne de l'aide et des conseils sur comment construire de la résilience, de l'inspiration, de la détermination et de l'engagement. Mes expériences en général trouveraient un écho auprès de mes collègues et seraient très utiles à tout·e·s les lecteur·trice·s.
Maija Yli-Jokipii, Professeure, Université de Tampere, Finlande
Marika Koff, enseignante de langue maternelle, Espoo et Kauniainen, Finlande
Samran Khezri, professeur de langue maternelle, École Turku Normaalikoulu,
Regardez les témoignages d’enseignant·e·s et de formateurs.trices d'enseignant·e·s finlandais·e·s sur les avantages d'avoir des enseignant·e·s issues de l’immigration dans la vidéo "Diverse students, diverse teachers" (Étudiant·e·s divers·e·s, enseignant·e·s divers·e·s), préparée par le Département de Formation des Enseignant·e·s de l'Université de Turku dans le cadre de leur projet Dived. Ce projet est le premier du son genre en Finlande à se concentrer sur la formation des enseignant·e·s et à impliquer les universités qui étaient engagées dans l'enseignement aux étudiant·e·s issu·e·s de l'immigration. Le projet comprend également une formation continue pour les enseignant·e·s et de nombreuses bonnes pratiques et ressources basées sur la recherche pour les enseignant·e·s. Le syndicat de l'éducation OAJ a également participé au projet.
Natalija Veselič Martinjak, professeure d’art en école primaire, Slovénie
Lorsque vous travaillez avec des enfants migrants, vous devez, en tant qu'enseignant·e - et premièrement, en tant que personne - être enthousiaste, aimable, capable d'écouter activement et d'accepter pleinement la diversité sans aucun préjugé. Un sourire, l'empathie, la communication avec des pantomimes amicales et des dessins, peut-être avec l'aide de quelques mots simples dans des langues différentes, sont également essentiels. La meilleure chose que vous pouvez donner à ces enfants est le sentiment d'être acceptés et d’être en sécurité. Pour être capable de faire tout cela, en tant qu'enseignant·e, vous avez besoin d'empathie, d'encouragement, de soutien et de la confiance de la direction. Un niveau élevé d'autonomie professionnelle est l'élément clé, outre le fait que vous avez besoin de tout le soutien technique en termes de matériels pédagogiques et de formation professionnelle continue. Moi, en tant qu'enseignante travaillant avec des enfants migrants, j’aimerais bien disposer d'une sorte de plate-forme où les enseignant·e·s pourraient partager leur expérience et leurs bonnes pratiques et, surtout, se soutenir l’un·e l’autre. Sans aucun préjugé ni critique.
Sandra Mihalič, enseignante d’école primaire, Slovénie
Depuis de nombreuses années, chaque année scolaire, notre école accueille au moins dix enfants migrants, principalement originaires de différents pays européens. Puisqu’ils viennent de milieux familiaux et éducatifs très differents, chaque étudiant·e a besoin d'une approche individuelle. En tant qu’ensegnant·e de langue slovène pour les élèves étrangers, j'ai besoin de beaucoup de matériels pédagogiques pour leur faciliter l'apprentissage de nouveaux mots. J'aide également les enfants immigrés à s'intégrer dans leur nouvel environnement et, ce qu’il manque en à ce stade à mes collègues et à moi-même, c’est la possibilité pour les parents, les frères et les sœurs des étudiant·e·s immigré·e·s de pouvoir apprendre la langue slovène. Cela réduirait une partie du stress que les enfants immigrés subissent lorsqu'ils entrent dans un nouveau système scolaire.
Darinka Dekleva, assistante sociale en école primaire, Slovénie
En tant que travailleur social dans une équipe de conseillers scolaires, je suis la première personne de l'école qui entre en contact avec les enfants migrants et leurs parents. Dans ce rôle, qui consiste à fournir les conditions optimales d'apprentissage et d'intégration de chaque enfant immigré, je manque de données pertinentes sur leur ancien parcours scolaire et les connaissances qu'ils ont acquises jusqu'à présent. Lorsque nous accueillons un nouvel enfant migrant, j’ai peur (et en même temps pleine d'espoir) que notre programme scolaire national ne soit un obstacle pour lui. Le niveau de mon empathie avec les enfants immigrés et leurs familles est devenu plus intense depuis que je suis mère de trois enfants qui recherchent des opportunités professionnelles en dehors de la Slovénie. Il serait d'une grande aide si nous pouvions disposer d’enseignant·e·s supplémentaires qui encadreraient les enfants immigrés et leur enseigneraient le slovène jusqu’à ce qu’ils deviennent des locuteurs indépendants. La situation actuelle de la pandémie de la COVID-19 a également fait émerger de nombreux nouveaux défis dans le travail avec les enfants migrants.
Mileta Grujić, compositeur et musicien, directeur d'école, Slovénie
En Serbie, d'où je viens, j'étais professeur de musique dans un lycée et ensuite directeur d'école. Je vis en Slovénie depuis 2015. J'ai d'abord travaillé comme indépendant dans le secteur de la culture, car je joue également du piano dans le groupe d'un chanteur slovène connu. J'ai participé à plus de quatre-vingts concerts, ainsi qu'à deux célébrations nationales. En mars de cette année, j'ai obtenu un emploi temporaire en tant que professeur d'art musical à l'école primaire et je suis ensuite devenue directreur de cette même école qui est l'une des plus petites de Slovénie. J'ai toujours travaillé avec beaucoup de gens et je ne me suis jamais sentie étranger ou migrant - ni comme enseignant ni comme musicien. Et maintenant, en tant que directeur, je me sens comme chez moi. J'ai également noué beaucoup de nouveaux contacts ici, car je livre des repas chauds à nos étudiant·e·s, maintenant que les écoles sont fermées en raison de la COVID-19. Quand je cherchais encore un emploi, mes candidatures étaient rejetées, mais c'était parce que je ne remplissais pas les conditions requises pour le poste (certains examens de Serbie ne sont pas valables en Slovénie). Je n'ai jamais remarqué que cela avait quelque chose à voir avec mon origine immigrée. À mon avis, l'origine immigrée n'a pas beaucoup à voir avec les résultats du travail. Ce qui compte le plus, c'est la façon d’êtes en tant que personne. Peut-être que c'était plus facile pour moi, car j'ai toujours considéré la Slovénie comme une partie de mon pays - l'ex-Yougoslavie.
Charlotte Holm, enseignante auprès d'élèves réfugié.e.s ou issus de l'immigration, membre du DLF, Danemark
Selon votre expérience, de quel soutien clé les enseignant·e·s qui travaillent avec des étudiant·e·s issu·e·s de l'immigration ou ayant un statut de réfugié ont-ils·elles besoin dans leur travail quotidien ?
Il est essentiel que les élèves migrant.e.s soient reconnu.e.s en classe, mais aussi dans la société. Les enseignant.e.s sont les ambassadeurs et les ambassadrices des enfants migrant.e.s, et les politicien.ne.s doivent agir de manière responsable et combattre la rhétorique hostile sur la migration et les réfugié.e.s dans la société. L'approche négative affecte les bénéfices de l'apprentissage de ces élèves. C'est pour cette raison qu’il faut agir maintenant !
Çağrı Peköz, professeur d'éducation de la petite enfance, Chypre
Tous les enseignant.e.s, qu'il.elle.s travaillent ou non avec des enfants migrant.e.s et réfugié.e.s, doivent être doté.e.s de la formation et des outils nécessaires à guider les enfants dans le développement de leur conscience critique. Outre les résultats scolaires, l'éducation doit contribuer aux réalités des enfants migrant.e.s et réfugié.e.s.
Juri Haas, professeur d'école primaire et membre de l'équipe de direction du comité fédéral de GEW sur la migration, l'antidiscrimination et la diversité, Allemagne
Pour moi, une école inclusive dans une société de migration signifie que tout est fait pour que les élèves et leurs familles ne se sentent pas exclus ou dévalorisés. Les processus scolaires qui ont un effet d'exclusion devraient être continuellement remis en question par toutes les personnes concernées. Pour être inclusives, les écoles ont besoin de ressources en personnel suffisantes pour prendre en considération les besoins individuels et pour disposer de temps nécessaire à améliorer l’environnement scolaire.
Ramona ROSU, enseignante dans le primaire, Roumanie
"De mon point de vue, les enseignant.e.s qui travaillent avec des enfants en situation de handicap ont besoin d'une bonne formation professionnelle (initiale et continue), fondamentale pour trouver et comprendre leurs besoins.
Le cadre législatif est très important pour fournir les informations et la structure nécessaire aux enseignant.e.s qui peuvent ensuite apporter un soutien adéquat à chaque enfant ayant des besoins éducatifs spécifiques.
Le soutien de la famille, du personnel de soutien (thérapeutes scolaires, psychologues, orthophonistes, ...) et l'adaptation des programmes scolaires sont nécessaires dans ces situations. Les enseignant.e.s doivent adapter toute leur activité pour travailler avec les élèves ayant des BES, surtout s'iels doivent les intégrer dans l'enseignement ordinaire, la différenciation étant la pratique d'inclusion la plus courante.
En outre, les enseignant.e.s ont besoin de beaucoup de patience, de dévouement et de professionnalisme..."
Lucia IONESCU, enseignante, école primaire, Roumanie
"Tous les enfants ont besoin d'amour, d'encouragement et de soutien. Pour les enfants ayant des besoins éducatifs spécifiques, ce renforcement positif peut contribuer à renforcer leur estime de soi et leur confiance en soi, leur donnant ainsi la détermination de continuer même au travers des temps les plus difficiles.
Maria est une élève de CE2 (3ème primaire) souffrant de tétraparésie spastique, ce qui signifie qu'elle éprouve des difficultés pour marcher et utiliser ses mains. Je l'ai rencontrée en classe préparatoire et elle a été intégrée au groupe avec beaucoup d'amour par ses 36 camarades. En cherchant des moyens d'aider Maria à s'intégrer dans un groupe d'enfants, je savais que je devais l'aider à s'intégrer par elle-même. Je sais qu'en tant qu'enseignante, je suis un modèle pour mes élèves et que la façon dont je relève les défis a un grand impact sur le groupe.
Cette expérience m’a appris que, bien que l’attitude positive d’un enseignant ne puisse résoudre toutes les difficultés liées au handicap, elle peut donner espoir et confiance aux enfants ayant des BESs."
Filomena Lopes – Équipe pluridisciplinaire pour la coordination de l'éducation inclusive avec intervention directe auprès des élèves du secondaire inférieur et supérieur, Portugal
"En tant qu'enseignante spécialisée et aussi en tant qu'équipe pluridisciplinaire pour la coordination de l'éducation pour l'inclusion je voudrais souligner les expériences et les émotions positives que j'ai vécues avec les élèves ayant des besoins spécifiques. Les fondements d'une éducation inclusive résident dans les liens affectifs importants avec les élèves.
Le modèle que nous avons désormais au Portugal est basé sur une intervention pluridisciplinaire avec la participation de tous les acteur.rice.s [enseignant.e.s, direction de l'école, enseignant.e.s spécialisé.e.s, élèves et parents] et contribue à la réussite réelle des élèves en éliminant toutes les barrières au processus d'apprentissage ;
Il est urgent que les enseignant.e.s prennent en main ce nouveau décret-loi sur l'éducation inclusive pour travailler à la réussite de leurs élèves, en concentrant leurs stratégies non pas sur les difficultés/défis, ni sur ce qu'ils ne peuvent pas réaliser, mais sur les opportunités, sur les potentiels des élèves, en transformant les faiblesses en forces, en promouvant le développement de relations sociales saines, en renforçant leurs capacités d'autonomie et de résilience."
Carla Freire – Enseignante spécialisée intervenant auprès des élèves du secondaire inférieur et supérieur, Portugal
De quel soutien les enseignant.e.s spécialisé.e.s ont-ils besoin dans leur travail quotidien? "Plus de communication à l'école : entre les enseignant.e.s ; entre professeur principal et professeur spécialisé ; entre professeur spécialisé et les familles. Il y a un manque général de dialogue, soit parce que les gens ne communiquent pas efficacement, soit parce qu'il y a trop de malentendus, principalement dus aux préjugés et aux stéréotypes. Plus de temps à l'école : les enseignant.e.s ne devraient pas toujours être à court de temps car assurant trop de classes avec trop d'élèves. Iels devraient également être déchargés de nombreuses de tâches administratives qui ne leur laissent pas le temps de planifier et d'enseigner adéquatement. Nous avons besoin de temps productif pour nous rencontrer afin de définir les meilleurs approches pour ces élèves. Les enseignant.e.s ont besoin de formation continue pour acquérir plus de connaissances et d'informations afin de mettre en place les bonnes stratégies éducatives pour les élèves. Les enseignant.e.s spécialisé.e.s devraient également être déchargé.s d’un grand nombre des responsabilités et fardeaux qui leur incombent. Que ce soit à l'école ou dans l'intimité de leur lieu de résidence, iels sont des enseignant.e.s, des infirmières, des psychologues, des confidents, des pères, des mères, des frères et sœurs ou des amis, tant pour les élèves que pour leur famille... et c'est compréhensible car les élèves ne reçoivent pas de soutien social, la plupart du temps le seul soutien qu'ils reçoivent provient de l'école." |
George Mougios, 29 ans, enseignant spécialisé remplaçant (contractuel) dans l'enseignement primaire depuis 7 ans, Grèce "Pour que nous, enseignant.e.s spécialisé.e.s, puissions réaliser efficacement nos objectifs pédagogiques, au profit de nos élèves ayant des besoins et des capacités spécifiques, par notre intervention quotidienne à l'école, il est très important que l'État, en plus du soutien moral, nous fournisse toute la formation initiale et professionnelle nécessaire ainsi que les moyens éducatifs et technologiques les plus modernes". Maggie Greene, enseignante d’école primaire à la ‘Letterkenny Educate Together National School’, qui vit avec la SEP, Irlande "Chacun a le droit à une éducation de qualité, peu importe nos différences. Aujourd’hui, pour la Journée Internationale des personnes Handicapées, nous nous mobilisons pour l’inclusion des personnes handicapées dans l’éducation et dans tous les aspects de la société. En tant qu’enseignante d’école primaire, en Irlande, vivant avec la sclérose en plaques (SEP), je suis fière d’ajouter mon nom à cette campagne importante. Nous devons nous assurer que nos écoles sont des espaces sûrs pour les enseignants-es qui vivent et travaillent avec des personnes handicapées."
|