Les enseignant·e·s ne sont jamais en congé - le droit à la déconnexion
Si l'enseignement est depuis longtemps reconnu comme une profession exigeante, la véritable ampleur de la charge de travail reste trop souvent cachée au public. L'Europe étant actuellement confrontée à une grave pénurie d'enseignant·e·s, les charges de travail élevées et le manque d’équilibre insoutenable entre vie professionnelle et vie privée sont des questions centrales pour le recrutement et la rétention d'enseignant·e·s qualifié·e·s. Ce mois-ci, la campagne du CSEE « Rendre l'enseignement attractif » se penche sur les questions cruciales liées au contrôle de la charge de travail et à la promotion de l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée pour le personnel éducatif à tous les niveaux, en mettant en lumière ces aspects invisibles de la profession d'enseignant·e et en préconisant des mesures visant à alléger la pression exercée sur les enseignant·e·s.
L'essor des outils numériques, accéléré par la pandémie de Covid-19, a brouillé les frontières entre vie professionnelle et vie personnelle pour de nombreux éducateur·trice·s. Si l'intégration de la technologie offre une certaine flexibilité, elle pose également des problèmes pour maintenir un bon équilibre entre vie professionnelle et vie privée.
L'incapacité des enseignant·e·s à se déconnecter numériquement de leur travail crée un déséquilibre entre leur vie professionnelle et leur vie privée, ce qui rend l'enseignement insoutenable et se traduit par un faible taux de rétention.
Comme le souligne l'étude du CSEE sur les défis et opportunités pour l'éducation à l'ère numérique (2021), les syndicats de l'éducation ont réussi à prendre des mesures dans certains pays. Par exemple, l'Italie a établi le droit à la déconnexion pour les travailleur·euse·s de l'éducation dans la dernière convention collective nationale et a renforcé la sensibilisation aux effets négatifs importants du stress lié au travail dans le secteur de l'éducation. En outre, en Allemagne, certains États fédéraux ont conclu des accords de service et de travail à la suite de négociations sur l'utilisation de l'équipement numérique et des outils d'éducation numérique, y compris, entre autres, les questions d'équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée.
Le CSEE souligne que des efforts doivent être faits pour lutter contre ces risques psychosociaux, surtout si l'on considère que ces tendances négatives ont été aggravées par la crise du Covid-19. Alors que la mesure législative annoncée par la Commission européenne sur le droit à la déconnexion reste en suspens, le CSEE exige des politiques et une législation claires aux niveaux national et européen afin de préserver le temps de repos des éducateur·trice·s et de prévenir ces risques psychosociaux.
Tout au long du mois d'avril, la campagne du CSEE invite les syndicats de l'éducation, les décideur·euse·s politiques des syndicats de l'éducation et les parties prenantes de l'éducation à s'engager dans des discussions et des initiatives visant à donner la priorité au contrôle de la charge de travail et à la promotion de l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée afin de faire de l'enseignement un choix de carrière plus attractif et plus épanouissant pour les générations actuelles et futures.