Regards sur l'éducation 2022 : conditions de travail des enseignant·e·s et impact du Covid-19 mis en exergue
Publié:Le rapport annuel de l'OCDE « Regards sur l'éducation » met en lumière les disparités dans les conditions de travail des enseignant·e·s dans les différents secteurs de l'éducation et les tendances des politiques éducatives au niveau national à la suite de la pandémie de Covid-19
L'édition 2022 du rapport de l’OCDE « Regards sur l’éducation » couvre tous les domaines de l'éducation, avec un accent particulier sur l'enseignement supérieur et l'éducation de la petite enfance. Les données ont été collectées dans les pays de l'OCDE. L'un des sujets intéressants est le temps de travail des enseignant·e·s et leur développement professionnel continu tout au long de leur carrière. La proportion du temps de travail statutaire consacré à l'enseignement fournit des informations sur le temps disponible pour les activités non pédagogiques, telles que la préparation des cours, la formation continue. Dans 18 pays, comme le Royaume-Uni, la Hongrie et la Lituanie, au niveau secondaire supérieur général, les enseignant·e·s enseignent souvent plus de cours que leur contrat à temps plein ne l'exige. La rémunération des tâches supplémentaires varie d'un pays à l'autre en fonction de la responsabilité et peut consister en une réduction des heures d'enseignement ou une rémunération supplémentaire. La participation à des activités de développement professionnel est une responsabilité obligatoire pour les enseignant·e·s à tous les niveaux dans 25 pays, dont la France et l'Irlande. Cependant, en 2018, plus de 40 % des enseignant·e·s et plus du tiers des chef·fe·s d'établissement ont déclaré que les conflits d'horaire avec leur horaire de travail et/ou le coût élevé des activités de perfectionnement professionnel constituaient des obstacles à leur participation. Dans les pays de l'OCDE, les stratégies de financement des activités de développement professionnel diffèrent entre les activités obligatoires et non obligatoires, avec un soutien beaucoup plus important pour les activités obligatoires que pour les autres. Pourtant, il existe des différences dans les stratégies de soutien à la formation professionnelle obligatoire selon le niveau d'éducation en Autriche, en Estonie, en Communauté flamande de Belgique et en France.
Un autre thème central abordé est le secteur de l'éducation et de la garde des jeunes enfants (EPE). Les enseignant·e·s sont principalement responsables des enfants, mais leur capacité à favoriser des relations positives avec les enfants est également influencée par leurs conditions de travail. Dans la plupart des pays de l'OCDE, cependant, les salaires moyens des enseignant·e·s du préprimaire sont nettement inférieurs à ceux des travailleur·euse·s à temps plein toute l'année ayant fait des études supérieures. En Hongrie et en République slovaque, les salaires des enseignant·e·s du préprimaire représentent en moyenne moins de 60 % de ceux des travailleur·euse·s diplômé·e·s de l'enseignement supérieur. Dans de nombreux pays, les salaires des enseignant·e·s de l'EPE sont particulièrement peu compétitifs. Dans quelques pays seulement, les enseignant·e·s du préprimaire gagnent plus que les travailleur·euse·s diplômé·e·s de l'enseignement supérieur, comme au Portugal où le salaire du personnel de l'éducation de la petite enfance est 50 % plus élevé. Il n'est donc pas surprenant que moins de deux membres du personnel de l’EPE sur cinq soient satisfait·e·s.
Dans le but d'atténuer l'impact de la pandémie de Covid-19, 80 % des pays ont proposé des programmes de récupération suite à la crise du Covid aux niveaux primaire et secondaire et plus de 60 % des pays ont déclaré avoir mis en œuvre de nouvelles mesures au cours de l'année scolaire 2021-2022, notamment la formation des enseignant·e·s afin de soutenir la santé mentale et le bien-être des étudiant·e·s. En outre, les données montrent que pendant la pandémie, plus des deux tiers des pays ont investi dans le développement professionnel des enseignant·e·s en mettant l'accent sur le développement des compétences numériques en 2021. Cependant, en 2022, ce chiffre est tombé à 60 %. L'embauche de personnel temporaire pour alléger la charge des enseignant·e·s était moins courante (47 % des pays en 2021 et 43 % en 2022) et l'octroi de primes supplémentaires aux enseignant·e·s l’était encore moins (29 % en 2021 et 28 % en 2022). Au sujet de ces dernières, seuls 7 des 28 pays – à savoir la France, la Communauté française de Belgique, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la République slovaque et la Slovénie – ont versé des primes à une partie ou à l’ensemble des enseignant·e·s en 2021 afin de compenser les défis rencontrés pendant la pandémie. De plus, l'utilisation des outils numériques à l'école est assez courante, puisque 17 pays sur 27 envisagent de poursuivre cette utilisation dans l'enseignement secondaire inférieur. Néanmoins, les modifications du cadre institutionnel régissant l'éducation numérique ne sont pas généralisées : 54 % des pays n'envisagent pas de les mettre en place.