Position du CSEE sur l'impact des micro-certificats sur les enseignant·e·s et l'enseignement supérieur

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Préparant sa recommandation au Conseil sur les micro-certificats, la Commission européenne a lancé une consultation publique, intitulée «Micro-qualifications - élargir les possibilités d'apprendre aux fins de l'apprentissage tout au long de la vie et de l'employabilité», demandant au public de répondre à un questionnaire avant le 13 juillet 2021. En réponse, le Bureau du CSEE a adopté une Position sur ce sujet, en suivant l'avis du Groupe consultatif du CSEE en matière d'éducation.

La Position exprime les préoccupations des syndicats de l'enseignement quant au fait que l'initiative de la Commission européenne sur les micro-certificats puisse approfondir le processus de commercialisation de l'éducation initiale publique et accroître l'implication du marché du travail dans le domaine de l'éducation. La Position conjointe de la CES et du CSEE sur les micro-certificats dans l’EFP et l’enseignement supérieur (juillet 2020) a déjà souligné que les micro-certificats peuvent être utiles lorsqu'ils sont ajoutés aux certifications complètes qui sont placées dans les cadres nationaux de certification, mais qu’ils ne doivent pas être confondus avec des certifications partielles ou des diplômes complets. Le CSEE se félicite que la Feuille de route de la Commission européenne reconnaisse ces différences.

Pour les syndicats de l'enseignement, la politique de l'UE sur les micro-certificats est importante car elle contribue à garantir que les exigences nationales de qualification pour exercer la profession d'enseignant sont respectées et que la liberté académique et l'autonomie institutionnelle sont préservées. Les enseignant·e·s doivent être soutenu·e·s par une formation initiale de qualité et actualisée et un développement professionnel continu. La position du CSEE souligne que les systèmes nationaux d'éducation et de formation, ainsi que les réglementations et exigences nationales pour la pleine qualification des enseignant·e·s, doivent être respectés. Les cours débouchant sur des micro-certificats peuvent être considérés comme un développement professionnel continu mais non comme un remplacement de la formation initiale des enseignant·e·s.

Les syndicats de l'enseignement estiment que la politique de la Commission européenne sur les micro-qualifications devrait protéger la liberté académique et l'autonomie institutionnelle des universités. En effet, celles-ci ont été attaquées à la suite de coupes dans le budget public et de demandes croissantes exigeant que les établissements d'enseignement supérieur répondent aux besoins du marché du travail. De nombreuses universités sont obligées de rechercher des financements supplémentaires, souvent en proposant des cours de courte durée aux entreprises. Alimentée par la pandémie de Covid-19, cette pression crée un taux de chômage élevé chez les jeunes et une montée des inégalités dans la société. Pour les établissements de l'enseignement supérieur, l'offre de cours de courte durée liés au marché du travail devrait être volontaire et le contrôle des micro-certificats ou des cours d'apprentissage tout au long de la vie devrait rester au sein de l'établissement.

En outre, les établissements d'enseignement supérieur doivent décider s'ils souhaitent attribuer des crédits ECTS aux micro-certificats qu'ils délivrent. Dans ce cas, les micro-certificats doivent être conformes aux Références européennes et lignes directrices pour le management de la qualité dans l’espace européen de l’enseignement supérieur et à la Convention sur la reconnaissance des qualifications de Lisbonne. Les micro-certificats dans l'enseignement supérieur doivent respecter les objectifs et les valeurs fondamentales du processus de Bologne (EEES) et du Communiqué ministériel de Rome, en particulier la liberté académique et l'autonomie institutionnelle.

Le CSEE conteste l’affirmation selon laquelle l'objectif des cours de micro-certificats est d'améliorer la qualité, les pédagogies et l'inclusion dans l'enseignement supérieur. L'égalité d'accès aux programmes d'études complets doit être assurée à l’ensemble des étudiant·e·s, tandis que l'inscription aux cours de micro-certificats devrait être volontaire. L'innovation dans la pédagogie et l'enseignement dans les établissements d'enseignement supérieur doit être réalisée en offrant des salaires et des conditions de travail décents, ainsi qu'un développement professionnel continu au personnel de l'enseignement supérieur au lieu d'ouvrir davantage de cours d'apprentissage tout au long de la vie au marché du travail.

La Position du CSEE sur l’«impact des micro-certificats sur les enseignant·e·s et l’enseignement supérieur» est disponible ici