Comment garantir aux enseignant·e·s un meilleur accès au développement professionnel continu?
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Le CSEE a défendu qu’un développement professionnel continu (DPC) accessible et de haute qualité des enseignant·e·s (DPC) est essentiel pour garantir une éducation de haute qualité. Cependant, la réalité est que les enseignant·e·s sont encore confronté·e·s à trop de défis pour accéder au développement professionnel continu. Les conclusions de l’étude du CSEE «Initiatives des syndicats de l’enseignement en faveur de la profession enseignante» (2018) ont montré une frustration considérable des enseignant·e·s face à l’accès au développement professionnel continu. Selon les syndicats de l’enseignement, les cours de formation des enseignant·e·s sont, dans la plupart des cas, de mauvaise qualité ou ne répondent pas de manière adéquate aux besoins professionnels des enseignant·e·s.
Bien que le développement professionnel continu reste une question complexe nécessitant des recherches supplémentaires au niveau européen, un nouveau rapport publié par Eurydice sur «Les enseignant·e·s en Europe : Carrières, développement et bien-être» contribue à clarifier la situation en ce qui concerne le développement professionnel continu des enseignant·e·s du secondaire à travers l’Europe. Le rapport couvre 38 pays européens (les 27 pays de l’UE et 11 autres pays) combinant des données européennes sur la législation nationale et des données des enquêtes internationales sur l’enseignement et l’apprentissage (OCDE - TALIS) sur les pratiques et les perceptions des enseignant·e·s.
Selon le rapport, seuls 8 systèmes éducatifs en Europe considèrent le développement professionnel continu comme un droit (République tchèque, Croatie, Italie, Lituanie, Suède, Islande, Pays-Bas, Belgique-FR). Au contraire, environ deux tiers des pays européens réglementent le développement professionnel continu soit comme un devoir professionnel (12 systèmes éducatifs nationaux[1]), soit comme une activité obligatoire (19 systèmes éducatifs nationaux[2]). En outre, dans certains pays[3], le développement professionnel continu est obligatoire pour faire progresser sa carrière ou recevoir une augmentation de salaire. Le rapport souligne que le développement professionnel continu est en général organisé par l'employeur sur le lieu de travail et pendant le temps de travail. Cependant, la majorité des pays européens donnent également aux enseignant·e·s la possibilité d'utiliser des congés de formation rémunérés. La durée du congé d'études varie, selon les pays, d'une courte période pour assister à des ateliers, des conférences, ou passer des examens, à des périodes plus longues pour des activités telles que la rédaction d’une thèse, un projet de recherche, ou même pour s'inscrire à la totalité d’un programme d'éducation tel qu'un master ou un doctorat. Seuls quelques pays n'autorisent pas les congés de formation rémunérés pour les enseignant·e·s, à savoir la Belgique, la Bulgarie, le Danemark, la Hongrie et le Royaume-Uni.
Le CSEE accueille favorablement ce rapport et souligne la nécessité de recherches supplémentaires sur le développement professionnel continu des enseignant·e·s dans d'autres secteurs de l'éducation, et sur le financement et l'assurance qualité du développement professionnel continu, ainsi que sur d'éventuelles discriminations cachées pour les enseignant·e·s et sur le travail dans le cadre de contrats à temps partiel et/ou à durée déterminée. Cela est d'autant plus important que le thème du développement professionnel continu des enseignant·e·s rentre dans une nouvelle dynamique suite à l'initiative politique de la Commission européenne sur les comptes individuels d'apprentissage telle qu’annoncée dans la nouvelle Stratégie en matière de compétences en 2020. Le CSEE a fourni sa contribution à la consultation publique et invite toutes les organisations membres à participer activement à cette nouvelle initiative qui pourrait avoir un impact important sur le développement professionnel continu et les congés payés des enseignant·e·s.
[1] Belgique (NL, DE), Allemagne, Estonie, Grèce, Espagne, France, Pologne, Slovaquie, Royaume-Uni (ENGL, WLS, NIR).
[2] Belgique (FR), Bulgarie, Chypres, Lettonie, Luxembourg, Hongrie, Malte, Autriche, Portugal, Roumanie, Slovénie, Finlande, Ecosse, Albanie, Bosnie et Herzégovine, Suisse, Monténégro, Macédoine du Nord, et Serbie.
[3] Croatie, France, Luxembourg, Pologne, Slovaquie, Slovénie, Espagne, Bulgarie, Chypres, Hongrie, Portugal, Roumanie, Slovénie, Monténégro, Macédoine du Nord, Serbie, Croatie et Lituanie.