Le CSEE salue le Plan visant à combler le fossé numérique et à accroître la littératie numérique
Publié:La Commission européenne a publié son Plan d’action pour l'éducation numérique 2021-2027. Le CSEE salue la position de la Commission sur la nécessité d'une éducation de qualité et inclusive et son plan de développement et de promotion des compétences numériques, fixant des objectifs ambitieux à l'horizon 2025. Le CSEE regrette néanmoins le rôle prédominant accordé au secteur privé et le manque d'inclusion des partenaires sociaux.
Le CSEE a régulièrement noté que les enseignant·e·s et les autres personnels de l'éducation, ainsi que les partenaires sociaux de l'éducation doivent être au centre de la conception et de la mise en œuvre des politiques si l'Union européenne veut proposer des politiques qui garantissent que personne n'est laissé pour compte. Cette position est également soutenue par la Commission CULT du Parlement européen. Le CSEE déplore l'absence de toute mention des partenaires sociaux dans le nouveau Plan d'action pour l'éducation numérique (DEAP). Les syndicats de l'éducation et les partenaires sociaux ne sont pas visibles dans la présentation descriptive des participant·e·s à l'enquête. Les partenaires sociaux devraient être associés aux actions décrites par la Commission européenne, à savoir le dialogue stratégique en vue de la préparation d'une Recommandation du Conseil sur les facteurs favorisant la réussite de l’éducation numérique, la Recommandation du Conseil sur l'apprentissage en ligne et à distance pour l'enseignement primaire et secondaire, et le développement du Cadre européen relatif au contenu éducatif numérique.
La déclaration de la Commission selon laquelle les éducateur·trice·s devraient être habilité·e·s à adopter des solutions innovantes, en défendant l’autonomie professionnelle des enseignant·e·s, va dans le bon sens. Nous devons cependant garder à l’esprit que les enseignant·e·s et les autres personnels de l’éducation ne peuvent être véritablement autonomes que s’il·elle·s contribuent à façonner l’environnement dans lequel il·elle·s enseignent.
Le CSEE salue le premier principe directeur adopté: Une éducation numérique de qualité et inclusive, respectueuse de la protection des données à caractère personnel et de l’éthique, doit être un objectif stratégique pour tous les organes et agences qui œuvrent dans le domaine de l’éducation et de la formation. Le nouveau DEAP met en place un plan complet pour lutter contre les déficits d'équipements numériques et propose des objectifs ambitieux en matière de littératie numérique et de niveau de compétences, grâce à davantage de cours d'informatique. Ceux-ci reposent principalement sur des acteurs privés et ne peuvent donc pas être fiables pour viser l'éducation universelle. Le CSEE estime, comme indiqué dans notre réponse de 2018 au DEAP, que la numérisation devrait fournir une plateforme pour l'inclusion et être conçue au profit des étudiant·e·s. Le seul objectif du DEAP ne doit pas être de répondre aux besoins du marché du travail, mais l'objectif doit être de préparer les étudiant·e·s à la vie dans un monde moderne et en évolution rapide et à l'apprentissage tout au long de la vie.
Le marché des technologies de l'éducation vaut 187 milliards de dollars et affiche un taux de croissance de 15%. L'éducation représente l'une des plus grandes industries au monde, ce qui en fait une cible de choix pour les grandes entreprises. Dans ce contexte, nous devons faire attention aux incitations financières et veiller à ce que la numérisation ne devienne pas le cheval de Troie de la privatisation. Il est donc profondément regrettable que le nouveau DEAP de la Commission européenne repose excessivement sur le secteur privé à chaque étape du processus.
La Commission écrit en outre que «Les participants jugent essentiel d’investir dans les infrastructures, les compétences numériques, l’habileté numérique et des environnements en ligne (plateformes/outils) sûrs aux contenus de qualité. Ils ont indiqué que, pour ce faire, les établissements d’enseignement devraient tirer le meilleur parti des solutions innovantes proposées par les prestataires d’enseignement privés et les développeurs de technologies ». Cependant, l’analyse descriptive des réponses à l'enquête ne permet pas de tirer une telle conclusion. Cette constatation est probablement dérivée d'une analyse textuelle automatisée. Compte tenu des limites inhérentes à ces méthodes et de la non-représentativité de l'échantillon, il est impossible de tirer de telles généralisations. Nous rappelons que les entreprises et l’industrie des TIC ne peuvent jouer qu’un rôle secondaire et de soutien car l’influence du secteur privé peut contribuer à la privatisation indirecte et à la commercialisation de l’enseignement public universel.
La Commission a considéré à juste titre la nécessité d'un accès égal aux compétences numériques et à l'apprentissage comme un élément central et prévoit de lancer une étude sur la faisabilité de la création d'une Plateforme européenne d'échange pour partager des ressources en ligne. Combler le déficit de compétences numériques devrait être une priorité. Nous relayons l’appel de la CES à la Commission pour qu’elle considère, lors de la réalisation de cette étude, les dangers du remplacement des cours menant à une qualification complète par des cours de courte durée. Ceux-ci se trouvent dans notre déclaration conjointe avec la CES sur les micro-certificats.
Comme la crise pandémique nous l'a appris, et comme le rappelle la déclaration du CSEE sur la voie de la reprise après la crise du Covid-19, l'éducation en ligne ne peut pas remplacer l'éducation en présentiel. Le nouveau DEAP ne mentionne pas que les enseignant·e·s sont irremplaçables, et vise à ancrer les pratiques d'enseignement en ligne au-delà de la crise, souhaitant «intégrer» la mobilité hybride dans le programme Erasmus+. Une telle généralisation de l'enseignement en ligne n'est pas compatible avec le premier principe directeur du Plan, à savoir garantir une éducation de qualité. L'éducation est un droit humain et un bien public. Tous les élèves, quelle que soit leur origine socio-économique, devraient avoir accès à une éducation de qualité.