Nouveau document de travail du Parlement européen sur le façonnement de l'éducation numérique: le soutien au personnel enseignant, l'inclusion et l'égalité doivent être au cœur du nouveau Plan d'action en matière d’éducation numérique

Publié:

Tirant les leçons de la crise du COVID-19, la Commission de l'éducation et de la culture du Parlement européen (CULT) a publié un document de travail sur l'élaboration de la politique d'éducation numérique. Ce dernier reconnaît la nécessité urgente de se concentrer sur la lutte contre les disparités, d'assurer une compétence numérique généralisée et de protéger l'éducation en tant que bien public en incluant les enseignant·e·s et les professionnel·le·s , alors que la Commission européenne s'apprête à publier un Plan d'action en matière d'éducation numérique  à l'automne 2020.

Partie intégrante de la stratégie éducative de la Commission européenne après 2020, le Plan d’action 2018 a été révisé en tenant compte des réponses du CSEE, de ses organisations membres et d'autres acteurs de l'éducation à une consultation publique sur les défis et les leçons tirées du contexte sans précédent de la pandémie du COVID-19.

En effet, la fermeture de systèmes éducatifs entiers a fait de la maîtrise du numérique une condition préalable à l'accès à l'éducation. La transition d'urgence vers une éducation à distance et souvent en ligne reposait sur des compétences numériques antérieures et sur l'accès à des infrastructures de qualité, ce qui a entraîné la mise en évidence et l'aggravation des inégalités préexistantes parmi les étudiant·e·s et le personnel enseignant. En 2018 déjà, la réponse du CSEE à la publication du Plan d’action avait mis en avant l'objectif essentiel de surmonter la fracture socio-numérique. Le CSEE accueille donc favorablement l'appel du Comité CULT pour que «l'inclusion et l'égalité» soient placées «au premier plan» dans le nouveau Plan, découlant de la reconnaissance que des déterminants tels que le statut socio-économique, le pays et la région (par exemple, vivre en milieu urbain ou dans région éloignée) peuvent avoir un impact sur l'accès des élèves et de leurs familles à des outils numériques de qualité ainsi que sur les niveaux globaux de compétences numériques. Cependant, le CSEE rappelle également que des motifs tels que le statut migratoire, le sexe, les besoins spéciaux et les compétences linguistiques ne doivent pas être négligés lorsqu'il s'agit d'une éducation numérique inclusive.

La commission CULT appelle également à «placer les enseignant·e·s  et les formateur·trice·s  au cœur du processus d'éducation numérique, tant au niveau de la conception qu’au niveau de l'exécution», observant que de nombreux·euses enseignant·e·s avaient déploré un manque de compétences numériques pour pouvoir s'adapter de manière optimale à la transition brusque vers un enseignement virtuel pendant le confinement. Ce constat va dans le sens de la déclaration du CSEE sur «la voie de la reprise après la crise du COVID-19» dans laquelle nous avons souligné la nécessité d'élaborer, en étroite coopération avec les syndicats de l'éducation, des politiques globales pour permettre au personnel de l'éducation de jouer son rôle crucial en s'attaquant au déficit de compétences numériques et en veillant à ce qu'aucun étudiant·e ne soit laissé pour compte. Dans le prolongement de cette approche multipartite, le document de travail recommande une approche de cocréation de l'éducation et une plus grande prise en compte de la formation des parents et des autres parties prenantes confrontées à la nécessité de s'adapter à la numérisation.

Ces positions sont en ligne avec nos appels pour une politique d’éducation numérique qui veille à ne laisser aucun·e étudiant·e pour compte et qui offre une meilleure formation numérique initiale et continue pour le personnel de l’éducation, respectueuse de l’agentivité professionnelle du personnel de l’éducation, comme nous l’exprimons dans notre réponse au COVID-19.