Résultats du Rapport TALIS de l'OCDE: Les enseignant·e·s et les chef·fe·s d'établissement sont-il·elle·s des professionnel·le·s valorisé·e·s en Europe?
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L'Enquête internationale de l'OCDE sur l'enseignement et l'apprentissage (TALIS) recueille régulièrement des informations auprès des enseignant·e·s et des chef·fe·s d'établissement des pays de l'OCDE. Le 23 mars 2020, l'OCDE a publié le deuxième rapport sur les résultats de TALIS pour 2018, Des enseignants et chefs d’établissement comme professionnels valorisés. Le premier volume de TALIS 2018, Des enseignants et chefs d’établissement en formation à vie (juin 2019), a montré que les enseignant·e·s et les chef·fe·s d'établissement sont très motivé·e·s à influencer le développement de l'enfant. Ce deuxième volume se concentre sur les conditions de travail et le bien-être lié au travail des enseignant·e·s et des chef·fe·s d'établissement, et montre certains domaines où il est nécessaire d’agir pour prévenir une pénurie d'enseignant·e·s dans les années à venir.
Le rapport indique clairement qu'il est essentiel d'attirer des candidat·e·s vers les professions d'enseignement et de direction scolaire. L'âge moyen des enseignant·e·s dans les pays de l'OCDE est de 44 ans, alors que 34% d'entre eux ont plus de 50 ans. L'âge moyen de la retraite est de 64,3 ans pour les hommes et 63,7 ans pour les femmes, ce qui «signifie que les systèmes éducatifs devront renouveler au moins un tiers de leur personnel enseignant au cours des 15 prochaines années.» L'OCDE suggère que les gouvernements planifient à l'avance la lutte contre la pénurie d'enseignant·e·s. Elle propose de nouveaux postes de niveau débutant et des parcours flexibles pour accéder à la profession. Cependant, elle reconnait également que ces étapes pourraient abaisser les normes professionnelles.
Le rapport reconnaît que la satisfaction au travail des enseignant·e·s et des chef·fe·s d'établissement est une question complexe qui nécessite une approche globale de l'attractivité des carrières dans l'éducation. «Les conditions de travail, les opportunités d'apprentissage et de croissance professionnelle, le statut social et l'autonomie professionnelle sont tous des aspects importants pour rendre les carrières dans l’enseignement non seulement financièrement attrayantes, mais aussi intellectuellement satisfaisantes». L'OCDE fonde cette notion multiforme de la satisfaction au travail sur le constat que 61% des enseignant·e·s n'étaient pas satisfait·e·s de leur salaire, mais que la grande majorité (90%) a déclaré être «dans l'ensemble, satisfait·e·s de leur travail».
Malheureusement, les données montrent que, souvent, les enseignant·e·s et les chef·fe·s d’établissement n’ont pas l’impression que leur travail est tenu en haute estime par la société. Seul·e·s 26% des enseignant·e·s et 37% des directeur·trice·s dans l'ensemble de l'OCDE conviennent que leur profession est valorisée. Les enseignants de sexe masculin, les enseignant·e·s de moins de 30 ans et les enseignant·e·s débutant·e·s sont plus susceptibles de croire que la profession est valorisée que les enseignantes, les enseignant·e·s de plus de 50 ans ou les enseignant·e·s ayant plus de cinq ans d'expérience. Les enseignant·e·s qui se sentent le moins valorisé·e·s par la société sont ceux·celles qui travaillent en Slovaquie (dont 95% pensent qu'il·elle·s ne sont pas très valorisé·e·s), la Communauté française de Belgique (94%), la Slovénie (94%) et la France ( 93%). Les pays européens où les enseignant·e·s se sentent très apprécié·e·s sont le Kazakhstan (63% pensent qu'il·elle·s sont très apprécié·e·s), la Finlande (58%) et la Russie (44%). Le rapport mentionne la Suède et l'Estonie comme de bons exemples de pays où les actions du gouvernement ont renforcé le prestige et l'attractivité de la profession enseignante - principalement en augmentant le salaire des enseignant·e·s.
En matière de conditions d'emploi, une majorité d'enseignant·e·s (82%) sont en CDI. 6% ont des contrats à durée déterminée de plus d'un an et 12% ont des contrats à durée déterminée d'un an ou moins. Parmi les pays européens, les enseignant·e·s géorgien·ne·s sont les moins susceptibles d'avoir un contrat à durée indéterminée (seulement 30%), tandis que la proportion la plus élevée d'enseignant·e·s ayant un contrat d'un an ou moins se trouve également en Géorgie (30%). Ces contrats très courts sont également courants en Italie (25%), en Espagne (27%) et en Roumanie (21%). Dans l'ensemble, 66% des enseignant·e·s de l'OCDE se déclarent satisfait·e·s de leurs conditions d'emploi, à l'exception du salaire.
Dans le même temps, de nombreux enseignant·e·s signalent connaître beaucoup de stress dans leur travail. Les enseignant·e·s les plus stressé·e·s vivent au Portugal, en Angleterre, en Hongrie et en Communauté flamande de Belgique. Les enseignant·e·s signalant le moins de stress vivent en Géorgie, au Kazakhstan, en Russie et en Roumanie. Les principales raisons du stress élevé lié au travail sont à mettre en rapport avec une charge de travail excessive, un excès de travail administratif, trop de temps dédié aux corrections, trop de préparations et trop de leçons à enseigner.
Le rapport confirme également que l'égalité des sexes dans le secteur de l'éducation reste un problème. 68% de tou·te·s les enseignant·e·s des pays de l'OCDE sont des femmes, mais seulement 47% des directeur·trice·s sont des femmes. L'OCDE suggère que les gouvernements effectuent des recherches comparant l'attractivité (salaires et autres facteurs) des emplois dans l'enseignement avec celle d'autres secteurs qui emploient plus de travailleurs masculins mais où les carrières nécessitent un niveau de qualification similaire à l'enseignement.
Enfin, le rapport offre un aperçu très intéressant des responsabilités des enseignant·e·s concernant la gestion de l’école et le niveau d’autonomie de l’école.
Le rapport est disponible dans son intégralité sur le site web de l’OCDE.