Le déséquilibre entre la vie privée et la vie professionnelle reste l'un des plus grands obstacles à l'égalité des genres en Europe
Publié:Le nouvel Indice de l'égalité de genre se concentre sur l'équilibre vie privée - vie professionnelle. Le rapport indique que les responsabilités familiales constituent davantage un obstacle pour le progrès social des femmes que des hommes. Il ne s’agit pas uniquement des responsabilités de garde, car l'augmentation du taux de handicap et le vieillissement de la population en UE engendrent une demande plus importante de soins longue durée. Le CSEE appelle à une éducation qui mette fin aux stéréotypes de genre liés à la prise en charge de la famille et aux choix en matière d'éducation ; il appelle également à un meilleur financement pour une éducation flexible permettant aux femmes d’accéder à l'apprentissage tout au long de la vie. Le secteur de l'éducation lui-même doit également assurer un bon équilibre entre vie privée et vie professionnelle, accordant aux femmes qui travaillent un espace de réussite.
Depuis 2014 l'Institut européen pour l'égalité entre les hommes et les femmes (EIGE) publie tous les deux ans son Indice de l'égalité de genre. Cet indice présente et analyse les dernières données de l’évolution vers l'égalité des genres dans l'Union européenne dans les domaines du travail, de la santé, de l'argent, les connaissances, du temps et de pouvoir. L'édition de cette année a été publié le 15 octobre.
Les résultats montrent une nouvelle fois que l'égalité est loin d'être atteinte. Avec une moyenne européenne de 67,4 sur un total possible de 100 points, l'Indice de l'égalité de genre présente une amélioration de seulement 1,2 point entre 2015 et 2017 et une progression de 5,4 points au cours des 12 dernières années depuis 2005. Même si certains pays comme le Portugal ( +3,9), l’Estonie ( +3,1), ou encore la Croatie ( +2,5) améliorent leurs résultats de manière significative, d'autres pays stagnent ou régressent, comme la Pologne (-1,6), la Lituanie (-1) et les Pays-Bas (-0,8). Avec 83,6 points, la Suède est largement en tête. La Grèce (51,2) et la Hongrie (51,9) obtiennent les moins bons scores. Pour la première fois, l'Indice met également l'accent sur la situation des personnes LGBTQI +, des Roms et des femmes musulmanes dans les zones où des statistiques sont disponibles.
Pourquoi la la progression vers l'égalité des genre ralentit-elle à travers l'Europe ? Le rapport considère que les principaux enjeux sont la ségrégation entre les genres, les normes sexospécifiques et les difficultés dans la réalisation de l'équilibre vie privée - vie professionnelle. Les défis liés au congé parental, aux arrangements de travail flexibles et aux responsabilités familiales compliquent la lutte pour l'égalité des genres. Dans toute l'Union européenne, les femmes sont toujours les principales responsables de la garde des enfants, des personnes âgées et des personnes en situation de handicap, avec des répercussions sur leur carrière et leurs pensions. En outre, la durée du congé parental dans l'Union européenne varie radicalement entre 4,2 mois dans certains États membres et plus de 3 ans dans d'autres. Dans l’UE, en moyenne 34 % des femmes et 23 % des hommes (entre 24 et 49) ne sont toutefois pas éligibles pour le congé parental en raison de leur emploi, de leur l'éducation ou encore de leur situation familiale.
Le rapport indique une absence de progression en termes de ségrégation entre les genres dans l'éducation. 43 % de femmes, contre seulement 23 % d’hommes, consacrent encore leurs études à des sujets humanitaires ou liés à la santé. La même stagnation s’observe dans les données liées à l'apprentissage, où la participation des femmes demeure faible. Une fois de plus, le rapport considère le manque de temps dû au travail et aux obligations familiales comme le principal obstacle pour les femmes qui souhaiteraient dans d’autres circonstance, avoir accès à l'éducation.
Susan Flocken, Directrice européenne du CSEE, a exprimé son inquiétude: « Ce rapport prouve que l'Europe doit agir d'urgence pour améliorer l'équilibre vie privée - vie professionnelle si nous voulons une réelle égalité. Le secteur de l'éducation a un rôle clé à jouer, à la fois pour éliminer les stéréotypes de genre autour de la garde des enfants et des responsabilités familiales, et pour assurer qu’un apprentissage continu est une possibilité réaliste pour tout le monde. Cela implique un financement adéquat pour des options d'éducation accessibles tout au long de la vie. Les professions de l’éducation elles-mêmes doivent également garantir un équilibre vie privée - vie professionnelle et l'égalité d'accès à une formation et à un développement professionnel permettant aux femmes et aux hommes de faire progresser leur carrière. C'est la seule façon de résoudre le paradoxe de la sous-représentation des femmes dans les postes de direction au sein d’un secteur de l'éducation à majorité féminine. »