Les syndicats d’universitaires donnent leur avis sur les moyens permettant de garantir l'attractivité de la profession enseignante en temps de crise
Publié:La réunion du Comité permanent sur l'enseignement supérieur et de la recherche (HERSC) des membres du CSEE s'est tenue les 28 et 29 septembre 2022. Environ 30 membres venu·e·s de 20 pays et représentant les syndicats d'universitaires et de chercheur·euse·s ont assisté à l'événement. La principale question abordée était de savoir comment garantir l'attractivité de la profession enseignante, récemment menacée par l'impact de la guerre de Russie sur les universitaires et les étudiant·e·s ukrainien·ne·s. De plus, elle a été affectée par la détérioration des conditions de santé et de sécurité des universitaires, due notamment à l’impact de la pandémie de Covid-19 sur le personnel de l'enseignement supérieur.
En ce qui concerne l'impact de la guerre menée par la Russie en Ukraine sur les universités, les universitaires et leurs étudiant·e·s, Kateryna Malyuta-Osaulova, représentant le syndicat ukrainien (TUESWU), a donné un aperçu général des défis difficiles rencontrés par le personnel du secteur de l'enseignement supérieur. À cet égard, des normes minimales et décentes de conditions de travail ne sont pas garanties pour les enseignant·e·s ukrainien·ne·s, compte tenu de la destruction de plus de 2.000 établissements scolaires, de l'ingérence militaire dans le processus éducatif et des réductions de salaire prévues pour l'année prochaine. En outre, elle a souligné la nécessité d'ajuster les périodes scolaires pour faire face à l'approche de la saison froide, en organisant la rentrée scolaire et universitaire plus tôt que d'habitude (mi-août) avec des cours supplémentaires le samedi afin de commencer le second semestre plus tard (février). Au cours de la réunion, un·e représentant·e de la Commission européenne a réaffirmé son engagement à soutenir les éducateur·trice·s et les étudiant·e·s en Ukraine par le biais de plusieurs programmes, notamment en élargissant l'accès des étudiant·e·s ukrainien·ne·s à la mobilité des études Erasmus+ et en garantissant la reconnaissance des qualifications ukrainiennes en Europe. Par exemple, l'initiative de la Commission MSCA4Ukraine permettra aux chercheur·euse·s déplacé·e·s de poursuivre leur travail dans des organisations universitaires et non universitaires dans les États membres de l'UE, tout en maintenant leurs liens avec les communautés de recherche et d'innovation en Ukraine. Le·a représentant·e de la Commission a souligné la nécessité de lancer des initiatives qui empêcheraient la fuite des cerveaux et contribueraient à la réintégration des personnes en Ukraine à la fin de la guerre. Dans l'ensemble, les syndicats de l'éducation et de la recherche ont confirmé leur solidarité avec les organisations membres du CSEE en Ukraine. Ils ont également partagé les initiatives prises au niveau national pour soutenir les universitaires, les chercheur·euse·s et les étudiant·e·s ukrainien·ne·s. Dans certains pays de l'UE, un soutien a été fourni sous forme de bourses aux universitaires et d'exigences de salaire décent pour les enseignant·e·s et universitaires ukrainien·ne·s dans le pays d'accueil. Pourtant, les participant·e·s ont souligné la nécessité d'accorder des mesures de solidarité efficaces à long terme envers les personnes fuyant l'Ukraine dans chaque pays de l'UE.
Un autre enjeu central, lié à l'attractivité du métier d'enseignant, réside dans la santé et la sécurité au travail. À cet égard, les syndicats d'universitaires ont examiné plusieurs facteurs psychosociaux qui compromettent la santé et le bien-être des chercheur·euse·s et des enseignant·e·s dans les établissements d'enseignement supérieur. La précarité, la faible satisfaction au travail, les charges de travail excessives, les niveaux de salaire ont, entre autres, été mentionnés. L'augmentation de la numérisation sur le lieu de travail, due à la pandémie de Covid-19, a exacerbé ces problèmes, remettant en cause l'autonomie de la profession enseignante et sa qualité. Une autre cause majeure de problèmes physiques et mentaux est la charge de travail élevée et la pression sur les universitaires et les chercheur·euse·s découlant de l'obligation de demander un soutien financier externe (par exemple des projets) pour l'université, en raison du manque de financement public. Pour l'avenir, les syndicats d'universitaires ont identifié des pratiques menées par les pays européens pour atténuer ces problèmes, telles que fournir un soutien psychologique au secteur de l'enseignement supérieur et de la recherche, assurer la protection des salaires, garantir des parcours professionnels transparents.
Enfin, les syndicats d'universitaires ont conclu la rencontre en soulignant le rôle essentiel du dialogue social pour garantir l'attractivité de la profession enseignante. Les membres ont reconnu que la grève est le dernier recours des membres des syndicats pour appeler les gouvernements nationaux et les employeur·euse·s à agir. À la lumière de cela, les grèves en cours au Royaume-Uni, en Norvège et au Kosovo démontrent la nécessité de renforcer le dialogue social. Les syndicats de l'éducation continueront de faire pression sur les gouvernements et les institutions universitaires pour garantir les droits des travailleur·euse·s de l'enseignement supérieur en ces temps de crise.