Le CSEE se dit préoccupé par l'harmonisation de l'enseignement supérieur
Publié:Le 16 novembre, le Comité du CSEE a adopté la Position du CSEE sur l’Initiative « universités européennes » et certifications européennes afin d'avoir un impact sur la mise en œuvre au niveau national des conclusions du Conseil sur l'initiative « Universités européennes » - Mettre en relation l’enseignement supérieur, la recherche, l’innovation et la société pour jeter les bases d’une nouvelle dimension pour l’enseignement supérieur européen. Après deux appels à propositions Erasmus+, 41 Alliances d’universités européennes ont été établies à titre pilote, impliquant la participation de plus de 280 établissements d'enseignement supérieur afin de mettre en place des programmes communs. Les Conclusions du Conseil demandent à l'Initiative « Universités européennes » de répondre à une série de propositions de politiques.
Dans le document de position du CSEE, les syndicats de l'enseignement rappellent qu'un enseignement supérieur de qualité n'est pas une marchandise et que les Alliances d’universités européennes ne devraient pas se transformer en consortiums universitaires privés. Ils craignent également que le financement basé sur la performance contribue à la privatisation et à la commercialisation de l'enseignement supérieur. L'éducation est un bien public et elle doit préparer les étudiant·e·s à la vie et à l’emploi, ce qui doit être soutenu par un enseignement de qualité. Les syndicats de l'enseignement du secteur de l'enseignement supérieur craignent que la mobilité des universitaires et des chercheur·euse·s d'une université à l'autre ne les oblige à travailler dans le cadre de contrats temporaires et de courte durée. Ce processus peut encore accroître la précarité dans le secteur et avoir un effet néfaste sur la santé et la sécurité des enseignant·e·s et des chercheur·euse·s. S'il est positif que le Conseil européen reconnaisse l'importance de créer « des conditions de carrière et de travail plus attrayantes pour les chercheur·euse·s et le personnel », il constitue un recul important par rapport à la reconnaissance de la valeur de la profession enseignante et des besoins du personnel.
Le CSEE se félicite que les Conclusions du Conseil invitent les États membres de l'UE à « défendre et promouvoir la liberté académique et l'autonomie institutionnelle ». Cependant, comme les Conclusions du Conseil suggèrent que les Alliances d’universités européennes établissent des « campus interuniversitaires », les organisations membres du CSEE craignent que l'autonomie des institutions ne soit affectée négativement. Nous nous inquiétons également de l'impact de la mise en place de procédures conjointes d'accréditation et d'assurance de la qualité par les Alliances européennes car celles-ci peuvent avoir un impact négatif sur l'autonomie institutionnelle et la compétence nationale en matière d'éducation, et cela ressemble à une tentative d'harmonisation de l'enseignement supérieur. Le document de position demande que les systèmes d'assurance de la qualité nationaux et institutionnels soient respectés conformément aux Références et lignes directrices pour le management de la qualité dans l’espace européen de l’enseignement supérieur (ESG). En outre, le CSEE exprime son soutien à l'examen par le Conseil de « la protection des résultats des recherches et des actifs intellectuels conformément aux principes de l’accès libre et des données ouvertes au niveau de l'UE ». Le document de position préconise l'élaboration de mesures adéquates pour assurer un équilibre entre les droits de propriété intellectuelle des universitaires et des chercheur·euse·s et le libre accès à la connaissance. Le document rappelle que l'expansion rapide des entreprises de la EdTech dans le secteur de l'éducation a posé de nouveaux défis à la protection du matériel pédagogique et des droits de propriété intellectuelle des enseignant·e·s.
Le document de position du CSEE demande à la Commission européenne et aux États membres de surveiller strictement l'éducation de haute qualité et l'inclusivité de ces Alliances d’universités européennes conformément à la mise en œuvre du premier principe du Socle européen des droits sociaux, et de surveiller régulièrement et conjointement l’état des lieux des 41 Alliances d’universités européennes.