Pour les enseignant·e·s, la reconnaissance ne suffit pas! Des salaires équitables, des conditions de travail décentes et un dialogue social significatif ouvrent la voie à une éducation de qualité pour toutes et tous

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Pour les enseignant·e·s, la reconnaissance ne suffit pas! Des salaires équitables, des conditions de travail décentes et un dialogue social significatif ouvrent la voie à une éducation de qualité pour toutes et tous

Le 26 mai 2020, les ministres de l'éducation de toute l'UE ont participé une réunion en ligne du Conseil Éducation de l'Union européenne, où il·elle·s ont adopté les Conclusions du Conseil sur les enseignant.e.s et les formateur.trice.s européen.ne.s de demain. Ces conclusions du Conseil abordent divers défis auxquels les enseignant·e·s et le personnel éducatif étaient déjà confrontés avant la crise du COVID-19, ainsi que de nouveaux défis créés par la pandémie. Ces difficultés affectent le personnel dans tous les secteurs de l'éducation: éducation de la petite enfance, enseignement général, enseignement professionnel, apprentissage des adultes et enseignement supérieur. Afin de résoudre ces problèmes, le Conseil Éducation a également proposé un ensemble de recommandations aux États membres de l'UE et à la Commission européenne.

Aujourd'hui, le 29 juin, la Présidence croate du Conseil de l'UE organisera une conférence en ligne sur les enseignant.e.s. Afin de faire entendre la voix du personnel de l'éducation, le CSEE contribuera à cet événement en présentant un document de position des syndicats au sujet des conclusions du Conseil.

Dans ce document, nous nous félicitons que le Conseil Education reconnaisse que «les enseignant·e·s et les formateur·trice·s, à tous les niveaux et dans tous les types d'enseignement et de formation, sont un moteur indispensable de l'éducation et de la formation». Les ministres ont également reconnu que les exigences, les responsabilités et les attentes croissantes imposées aux enseignant·e·s ont une influence non seulement sur le développement de leurs compétences, mais également sur leur bien-être et sur l'attractivité de la profession enseignante.

Nous déclarons également qu'il est essentiel d'améliorer le développement professionnel initial et continu des enseignant·e·s pour leur donner des capacités, des compétences et des pédagogies de qualité et à jour. Par exemple, selon le rapport de l’OCDE TALIS 2018, 60% des enseignant·e·s avaient reçu une formation en informatique au cours des 12 mois précédant l'enquête, mais beaucoup ont exprimé leur besoin urgent de plus de formation sur les compétences et les outils numériques. Avant la crise de la COVID-19, les syndicats européens de l'éducation ont observé une tendance croissante à la déréglementation des exigences de qualification des nouveaux·velles enseignant·e·s, tendance liée à la détérioration et/ou au manque d'amélioration de la qualité de la formation professionnelle initiale et continue et aux efforts fournis pour utiliser la numérisation pour remplacer les enseignant·e·s. Un dialogue social efficace et significatif est l'instrument clé pour résoudre ces problèmes, en particulier lors de la mise en œuvre de la recommandation du Conseil d'augmenter le niveau minimum de qualification des enseignant·e·s européen·ne·s.

Cependant, l'augmentation des niveaux de formation initiale des enseignant·e·s ne suffit pas à garantir la satisfaction professionnelle et l'attractivité de la profession, comme le disent les conclusions du Conseil. Des pressions croissantes s'exercent sur la santé et la sécurité des enseignant·e·s, leur autonomie professionnelle et leur rôle, tous compromis par la détérioration des conditions de travail des enseignant·e·s. Cette dégradation des conditions de travail dans l'éducation met également en danger l'attractivité et l'avenir de la profession et le développement durable d'une éducation de qualité.

La crise du COVID-19 a aujourd’hui révélé de nombreux défauts, injustices et problèmes de charge de travail imposés aux enseignant·e·s par les systèmes éducatifs. Les syndicats de l'éducation, les étudiant·e·s et les parents étaient très conscients de la pression croissante exercée sur les enseignant·e·s lors des fermetures. Cependant, le personnel éducatif de plusieurs pays de l'UE a subi des attaques à l’encontre des conventions collectives et leurs syndicats se sont battus contre les tentatives de réduction des salaires des enseignant·e·s lors du déclenchement de la crise du COVID-19. En effet, les salaires dans l'enseignement sont déjà faibles – ce qui constitue un autre danger pour l'attractivité de la profession. Les salaires des enseignant·e·s aux niveaux préprimaire, primaire et secondaire général ne représentent actuellement que 78% à 93% du salaire moyen des travailleur·euse·s diplômé·e·s de l’enseignement supérieur dans les pays de l’OCDE. Par conséquent, nous demandons aux ministres de l'éducation de l'UE de recommander à chaque pays de l'UE de respecter les conventions collectives en vigueur et de promouvoir le dialogue social et la négociation collective. Ce sont des outils efficaces pour garantir des systèmes éducatifs de haute qualité, où les enseignant·e·s bénéficient d'une plus grande satisfaction professionnelle, de salaires et de conditions de travail décents, d'une autonomie professionnelle et de possibilités d'apprentissage continu - tout cela rendra la profession plus attrayante. Conscients qu'un enseignement de qualité dispensé par des enseignant·e·s bien formé·e·s et soutenu·e·s est au cœur d'une éducation de qualité, les syndicats de l'éducation soulèvent depuis longtemps ces exigences.

En outre, nous devons souligner que l'éducation est un droit humain et un bien public. L'UE devrait prendre de nouvelles mesures pour mettre en œuvre le programme de développement durable à l'horizon 2030 des Nations Unies et le Socle européen des droits sociaux, en particulier son premier principe qui établit qu’«une éducation inclusive et de qualité, une formation et un apprentissage tout au long de la vie sont un droit» pour les étudiant·e·s et les enseignant·e·s. Nous regrettons que les conclusions du Conseil Éducation ne fassent aucune référence à ces deux cadres politiques importants. Les États membres devraient mettre en œuvre ce principe par le biais de mesures législatives appropriées, d’accords de dialogue social et d’un financement adéquat, stable et durable de l'éducation.