Mois européen de la cybersécurité: il est temps de mettre fin au harcèlement numérique dans nos écoles

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Alors que nos vies deviennent de plus en plus numériques, la sécurité en ligne est une préoccupation cruciale. Chaque mois d’octobre est le Mois européen de la cybersécurité. Il est consacré cette année à la cyber-hygiène et aux nouvelles technologies. La cybersécurité est également un sujet vital pour l'éducation. Le CSEE plaide pour que tou·te·s les étudiant·e·s reçoivent une éducation complète sur la cybersécurité le plus tôt possible.

La cyberintimidation étant une forme de harcèlement dévastatrice, les écoles doivent veiller à ce que les élèves et les enseignant·e·s bénéficient d'une protection et d'un soutien. Le personnel éducatif doit également être formé aux risques que représentent les nouvelles technologies - non seulement pour les étudiant·e·s, mais aussi pour leur propre sécurité et leur propre bien-être.

Nos vies sont de plus en plus numériques et de plus en plus d'informations privées sont partagées en ligne, à des fins récréatives, professionnelles et administratives. Cela nous expose toutes et tous à de nouveaux risques et la cybersécurité est en train de devenir un sujet crucial pour la société. Le Mois européen de la cybersécurité (ECSM), organisé en octobre par l'Agence européenne chargée de la sécurité des réseaux et de l'information (ENISA), est une initiative visant à sensibiliser les citoyen·ne·s à la question.

L’édition de cette année a deux thèmes sous-jacents:

  • La «Cyber-hygiène», discutée pendant les première et deuxième semaines d’octobre, encourage le public à établir les routines quotidiennes, les contrôles et le comportement général nécessaires pour rester en sécurité en ligne.
  • La «technologie émergente», discutée au cours des troisième et quatrième semaines d’octobre a pour objectif d’éduquer les citoyen·ne·s quant aux moyens de rester en sécurité lors de l’utilisation des dernières technologies numériques.

Alors que le CSEE se félicite de l'exploration de ces deux aspects de la cybersécurité, nous sommes inquiet·e·s du choix du slogan de la campagne de cette année: «La cybersécurité est une responsabilité partagée!». Cela envoie un message confus et risque de jeter un blâme sur les victimes de la criminalité et du harcèlement en ligne, phénomènes connus sous le nom de cyberintimidation. Dans le secteur de l'éducation, la cyberintimidation doit avant tout être traitée par les établissements d'enseignement où elle se déroule, en mettant en place des mesures de protection strictes et un soutien approprié aux victimes, qu'il s'agisse d'étudiant·e·s ou de membres du personnel.

En effet, les établissements d’enseignement sont particulièrement exposés à la cyberintimidation. L'utilisation d'outils numériques dans le domaine social peut être à l’origine d’une pression sur la santé mentale, en partie à cause des risques de cyberintimidation. Cela concerne à la fois les étudiant·e·s et le personnel éducatif, qui deviennent victimes de la cyberintimidation à un rythme alarmant. Un rapport du Parlement européen a révélé que le pourcentage d'enfants âgés de 11 à 16 ans affectés par la cyberintimidation est passé de 7% en 2010 à 12% en 2014. De même, une étude réalisée en 2011 interrogeait 2379 enseignant·e·s de 24 pays et révélait que 20% d'entre eux avaient vécu une expérience de cyberbaiting ou connaissaient un collègue qui avait souffert de cette forme d'intimidation récente dans laquelle les étudiant·e·s se moquent de leurs enseignant·e·s et enregistrent ensuite leur réaction et la postent ou menacent de la poster en ligne.

Malgré ces statistiques, les enseignant·e·s ne reçoivent pas suffisamment de formation ou de soutien de la part de leurs institutions pour faire face à la cyberintimidation. Seulement 51% affirment que leur école a mis en place des mesures pour réglementer les interactions entre enseignant·e·s et élèves via les médias sociaux. 80% des enseignant·e·s réclament plus d'éducation en ligne sur la sécurité dans les écoles, aux côtés de 70% des parents. Il faut enseigner, former et soutenir les enseignant·e·s à la lutte contre la cyberintimidation, qui constitue un risque psychosocial susceptible d'avoir une incidence négative sur leur bien-être mental. Les écoles devraient adopter des politiques visant à réduire les risques et à lutter contre la cyberintimidation lorsqu'elle se produit.

Le CSEE avait précédemment mené un projet sur le cyber-harcèlement subi par les enseignant·e·s dans les écoles. L’objectif était de sensibiliser les écoles au cyber-harcèlement et à son incidence sur les conditions de travail et la santé des enseignant·e·s, de recenser et d’échanger les bonnes pratiques en matière de lutte contre la cyberintimidation dans les écoles, ainsi que de déterminer et de promouvoir la participation des syndicats dans cette thématique. Nous insistons sur le fait que les institutions éducatives doivent s’attaquer à la cyberintimidation visant les enseignant·e·s et d’autres travailleur·euse·s de l’éducation, avec formation et soutien, afin d’éviter un stress supplémentaire.

Susan Flocken, Directrice du CSEE, a déclaré: «En ce Mois de la cybersécurité, il est important pour nous de réfléchir aux cas épouvantables de harcèlement en ligne et numériques auxquels le personnel de l'éducation est confronté. Il s’agit de cas graves d’abus qui ont des effets durables sur le bien-être des enseignant·e·s, sur le lieu de travail et à l’extérieur, et nuisent à leur capacité de faire leur travail avec calme et efficacité. L'ère numérique est pleine de nouvelles possibilités, mais elle peut également créer de nouvelles menaces pour le personnel du secteur de l'éducation. Le CSEE s’efforce de sensibiliser l’opinion à ce problème et de plaider en faveur d’une formation et de mesures de soutien adéquates afin de prévenir cette forme de harcèlement potentiellement dévastatrice.»