Innovation et inclusion dans l’éducation : les partenaires sociaux de l’éducation prennent les devants

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Quels sont les dangers des innovations dans l’éducation que l’on doit aux entreprises ? Quels sont les effets de l’analyse des données d’apprentissage et de l’intelligence artificielle sur la formation des élèves et l’emploi et le bien-être du personnel enseignant ? Comment promouvoir une utilisation éthique de l’analyse des données d’apprentissage et de l’intelligence artificielle au profit de chaque élève, quelle que soit sa situation socio-économique ? Comment faire face au risque de cyber-harcèlement des enseignant·e·s et du personnel de l’éducation ? Comment utiliser les pratiques ouvertes et innovantes pour promouvoir des systèmes d’éducation inclusifs ? Quel rôle l’éducation joue-t-elle dans la promotion de l’inclusion et des valeurs communes ? Quel rôle les partenaires sociaux devraient-ils jouer dans tous ces domaines ?

Telles sont les questions, et bien d’autres encore, qui ont été examinées par les représentant·e·s du CSEE et de la Fédération européenne des employeurs de l’éducation (FEEE) d’une vingtaine de pays de l’UE, à l’occasion de la réunion annuelle du groupe de travail du Comité du dialogue social européen sectoriel de l’éducation (DSSEE), le 24 juin 2019. Aux côtés des expert·e·s de la communauté universitaire et des institutions européennes, les syndicats de l’enseignement ont soulevé des points essentiels concernant les innovations dans le domaine de l’éducation motivées par les intérêts commerciaux des entreprises, plutôt que par les objectifs pédagogiques et les intérêts des enfants, ainsi que des questions en lien avec les enseignant·e·s travaillant avec les TIC et d’autres outils innovants dans leurs écoles en Europe. S’agissant des risques de cyber-harcèlement, les mesures de prévention et de lutte dans ce domaine sont souvent inexistantes dans les Etats membres. La responsabilité démocratique, les dispositions réglementaires pour les fournisseurs de plates-formes, le financement public et la définition de cadres politiques cohérents pour l’inclusion, profitables à l’ensemble des élèves, sont autant d’éléments particulièrement nécessaires pour faire face aux évolutions dans le domaine de la numérisation.

Afin de limiter l’impact de la montée inquiétante de la xénophobie, du nationalisme et des mouvements populistes en Europe, quelques-unes des solutions proposées sont la définition d’une éthique du dialogue interculturel à tous les niveaux et au sein des communautés afin de promouvoir une véritable inclusion éducative et le multiculturalisme dans les écoles, une communauté enseignante qui se veut le reflet de la diversité dans les classes et la volonté politique de combattre toutes les formes d’intolérance et d’exclusion sociale. Les représentant·e·s ont toutefois souligné la nécessité d’associer l’ensemble des politiques publiques et gouvernementales pour lutter contre les causes sous-jacentes de l’extrémisme et la mise en péril des valeurs démocratiques, au travers d’un véritable engagement à éradiquer la pauvreté et l’exclusion, afin de renforcer la cohésion sociale et rompre le cycle des désavantages au sein de la société.

Rappelant la nécessité d’adopter une approche holistique en Europe pour redistribuer les bénéfices de la croissance économique et trouver un juste équilibre entre les priorités économiques et sociales, Susan Flocken, Directrice européenne du CSEE, a déclaré : « Partout en Europe, les autorités éducatives et les partenaires sociaux de l’éducation devraient accorder une même importance à la numérisation et à l’inclusion au sein de l’éducation. Les compétences numériques et la formation aux médias sont aujourd’hui inscrites au rang des priorités majeures de l’Union européenne et toutes les politiques des Etats membres, ainsi que leurs initiatives financières et leurs réformes, doivent être menées dans la perspective de faire de l’inclusion une réalité. »