Italie : le salaire des professeur(e)s intérimaires doit être augmenté, au même titre que celui de tou(te)s les enseignant(e)s et universitaires en Europe

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La FLC-CGIL, organisation membre du CSEE en Italie, a récemment publié les résultats d’une recherche menée en collaboration avec un réseau de travailleurs/euses intérimaires à Bologne, qui met en lumière les conditions de travail de plus de 26 000 professeur(e)s intérimaires (professori a contratto) travaillant dans les universités italiennes.

La recherche révèle que les universités italiennes emploient des professeur(e)s intérimaires sous-payé(e)s pour dispenser des cours formant la quintessence même du programme universitaire et devant obligatoirement être suivis par les étudiant(e)s, en échange d’un salaire parfois équivalent à la modique somme de 3,75 EUR par heure. Par ailleurs, ils/elles ne bénéficient d’aucun congé de maternité ou de paternité, ni de congés de maladie ou de vacances annuelles, et peuvent être employé(e)s sous ce type de contrat précaire et temporaire durant une période allant jusqu’à six ans. La FLC-CGIL précise que le principal problème à l’origine de cette situation est que les professeur(e)s intérimaires sont uniquement rémunéré(e)s au pro rata des heures passées en classe. Autrement dit, le temps de travail consacré aux examens, à l’accueil des étudiant(e)s, à la correction des dissertations et aux tâches administratives est « gratuit ». Selon le rapport, toutes ces tâches confondues représentent 78 % de la durée totale du temps de travail des professeur(e)s intérimaires. Ces salaires extrêmement bas amènent parfois certain(e)s professionnel(le)s hautement qualifié(e)s à devoir accepter des emplois complémentaires, comme la livraison de repas, afin de pouvoir subvenir à leurs besoins.

Francesco Sinopoli, Secrétaire générale de la FLC-CGIL, souligne dans son commentaire des résultats : « Ces chiffres témoignent de la crise importante que traversent les universités italiennes, subissant le revers des coupes budgétaires réalisées durant de nombreuses années et les effets du travail précaire en pleine expansion. Nous réclamons instamment des ressources appropriées pour garantir des environnements de travail collaboratifs, ainsi que le recrutement massif de chercheurs/euses et de professeur(e)s."

La détérioration des conditions d’emploi du personnel de l’enseignement supérieur et de la recherche dans plusieurs pays européens a été dénoncée à maintes reprises par le CSEE, plus précisément au travers de son Comité permanent de l’enseignement supérieur et de la recherche (HERSC), au même titre que les pratiques de plus en plus souvent appliquées par les universités qui consistent à engager des candidat(e)s sous contrats précaires en échange de salaires peu élevés - pratiques directement liées aux coupes budgétaires opérées dans le financement public.

Susan Flocken, Directrice européenne du CSEE, a déclaré avec inquiétude : « Les tentatives de ces dix dernières années visant à porter atteinte ou à fixer des limites au champ d’application de la négociation collective et à la participation des syndicats de l’enseignement dans le cadre du dialogue social et de la gouvernance collégiale au sein des universités se sont soldées par une détérioration des conditions de travail et professionnelles des professeur(e)s et chargé(e)s de cours travaillant dans l’enseignement supérieur et la recherche, compromettant ainsi la qualité de ces deux secteurs partout en Europe ».

Le CSEE est convaincu que seule la restauration intégrale du dialogue social et de la négociation collective permettra de lutter contre la précarisation du travail, la prolifération des contrats temporaires, l’absence de sécurité d’emploi, les conditions de travail peu gratifiantes et les bas salaires, portant atteinte aux droits du personnel de l’enseignement supérieur et de la recherche à travers l’Europe. Afin de renforcer les arguments et les revendications des enseignant(e)s et du personnel de l’éducation en général, le CSEE s’est rallié en 2017 à la campagne du mouvement syndical européen « L’Europe a besoin d’une hausse salariale – le temps de notre relance est venu ! ». Dans une note d’information, le CSEE et la FSESP ont clairement affirmé que les employé(e)s de la fonction publique ont également besoin d’une augmentation de salaire, ce qui pour bon nombre d’entre eux/elles ne représente jamais qu’un pas vers la restauration du salaire perçu il y a dix ans.

Les résultats de la recherche sont disponibles en anglais et en italien.