Points de vue des enseignants concernant l’Agenda pour des compétences nouvelles pour l’Europe

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Suite à la consultation menée par la Commission européenne auprès des diverses organisations de partenaires sociaux concernant l’« Agenda pour des compétences nouvelles pour l’Europe » qui sera lancé en mai 2016, le CSEE a publié les points de vue des professionnels du secteur de l’éducation. Les points de vue des syndicats d’enseignants viennent compléter la position de la Confédération européenne des syndicats (CES).

Enseignants et formateurs ont un impact énorme sur le développement des compétences de l’ensemble des élèves en Europe. Toutefois, les enquêtes du CSEE ont démontré les effets destructeurs de la crise sur le bien-être personnel et professionnel des enseignants, en ce qui concerne les salaires, les conditions de travail, la formation initiale et le développement professionnel continu. C’est pourquoi les syndicats d’enseignants demandent que la nouvelle initiative de la Commission propose des solutions permettant de lever les obstacles portant atteinte à l’enseignement de qualité, afin d’améliorer le travail des enseignants et des formateurs en Europe et favoriser un meilleur développement des compétences.

La Commission devrait songer à y inclure les résultats déjà atteints dans le cadre du programme Education et Formation 2020, notamment l’importance accordée à la Déclaration de Paris. Par ailleurs, elle ne devrait pas se concentrer uniquement sur les compétences, mais également sur l’ensemble des divers aspects de l’éducation devant être pris en considération dans le cadre des qualifications, tels que les connaissances, les aptitudes, les savoir-faire, les attitudes et les comportements. Le secteur de l’éducation joue un rôle important dans la promotion de la citoyenneté active et des valeurs communes que sont la liberté, la tolérance et la non-discrimination - des facteurs essentiels également dans le cadre de la préparation des élèves à un marché du travail inclusif.

L’enseignement général devrait fournir l’ensemble des connaissances, compétences et aptitudes de base, lesquelles seront améliorées tout au long de la vie et au-delà du marché du travail. Il appartient aux gouvernements nationaux de définir les programmes scolaires nationaux en collaboration avec les syndicats de l’éducation, sachant que leur élaboration fait partie du travail des enseignants. C’est pourquoi nous ne soutenons pas l’idée de la Commission selon laquelle il conviendrait de créer des partenariats entre le secteur de l’éducation et les entreprises, au travers desquels les employeurs/entreprises auraient la responsabilité d’élaborer les programmes scolaires.

Les enseignants se montrent inquiets face à l’influence croissante des entreprises, risquant de porter atteinte à l’autonomie des écoles et des enseignants, et de compromettre l’investissement durable, prévisible et approprié dans le secteur. L’intervention des entreprises au sein de l’éducation ne doit en aucun cas aboutir à la privatisation et/ou à la commercialisation des services éducatifs. En conséquence, nous demandons aux institutions européennes de continuer à défendre le financement public durable de l’éducation.

Enfin, la Commission propose un « financement basé sur la performance pour l’EFP », comme solution pour améliorer la qualité des services offerts par ce secteur. Selon nous, le financement basé sur la performance des écoles publiques de formation EFP initiale pourrait conduire à un financement inéquitable des écoles et à des inégalités parmi les élèves et les établissements. Les stratégies de financement de l’EFP ne peuvent s’appuyer sur une approche biaisée, formatée ou pénalisante. Plusieurs exemples démontrent que le financement des écoles et des universités basé sur des indicateurs peu fiables entraînent des effets négatifs, et non positifs, sur les résultats des élèves et de l’enseignement.

Les systèmes de financement basé sur la performance tiennent rarement compte des environnements micro-économiques des écoles, par exemple le taux de pauvreté, la présence d’industries locales, le niveau de qualification des parents, le nombre d’entre eux ne possédant que peu ou pas de qualifications, leur taux de chômage, la distance à parcourir jusqu’à l’école, l’accès, etc., sont autant de facteurs ayant une incidence sur les élèves et donc sur les écoles EFP.

L’initiative de la Commission Agenda pour des compétences nouvelles pour l’Europe est préparée par la Direction générale Emploi, Affaires sociales et Inclusion. Les ministres de l’Education et de l’Emploi participent au débat :

24 février 2016 – Débat du Conseil Education sur les propositions préliminaires

7 mars 2016 – Débat du Conseil Emploi et Affaires sociales

30-31 mai – Débat du Conseil Education

16-17 juin – Adoption par le Conseil Emploi et Affaires sociales